Hormis l’eau, le thé est la boisson la plus consommée au monde. Pour ce qui nous intéresse ici, nous devrions parler stricto sensu d’infusions, ou pour être encore plus exact d’infusions d’écorce. Mais le terme « thé » s’est bel et bien implanté, et nous aimons ce mot car il évoque le temps libre, la cérémonie, la détente, et incarne des qualités bienfaisante voire même thérapeutiques.
Lapacho, rooibos, maté – de nouvelles modes surgissent sans cesse, nous faisant accepter plus ou moins des variétés de thé étrangères. Ces tendances sont notamment fort prisées lorsqu’on attribue aux thés et infusions des propriétés diminuant l’appétit et freinant la faim, comme c’est le cas pour le massai (thé rouge), le maté ou encore plus pour le thé pu-erh : des professionnels zélés de la publicité commercialisent ces produits exotiques comme amincissants, la consommation bondit. À part ces propriétés exagérées, les thés exotiques possèdent des vertus tout comme nos infusions familières. Aussi voulons-nous regarder de plus près ces variétés goûteuses, sans caféine (à une exception près).
Auteure : Ingrid Zehnder, 12.02
Le lapacho est produit à partir des écorces fines d’un arbre poussant en Amérique du Sud (Tabebuia avellanedeae). Le lapacho (prononcer lapatcho) peut atteindre la hauteur considérable de 30 mètres dans la forêt tropicale, et vivre sept cents ans. Dans le commerce d’aliments naturels, on veille à ce que les écorces soient récoltées durablement, c’est-à-dire que l’écorce intérieure rouge brun de l’arbre est recueillie et râpée deux fois par an, ce qui ne nuit nullement à l’arbre vivant car un nouveau tissu se forme à l’endroit de la récolte. Pour la vente en grandes quantités, on recueille également l’écorce d’arbres coupés. En Amérique du Sud, où le lapacho se consomme depuis des siècles, on attribue à cette boisson une capacité considérable à augmenter le bien-être et les défenses immunitaires du corps.
Le lapacho a un goût relativement doux lorsqu’il est léger, et ne contient pas de caféine (théine).
Préparation :
Dans un litre d’eau bouillante, ajouter 2 ou 3 cuillères à café de thé, laisser bouillir de 5 à 10 minutes, puis laisser infuser encore 20 minutes. Le thé sera encore plus savoureux si l’ajoute des zestes d’orange, des morceaux de pomme, d’ananas, de kiwi ou de vanille, ou si on l’agrémente d’un soupçon de crème, de miel ou de sirop d’érable. Le lapacho se boit chaud ou froid, et comme il contient peu d’acide tannique, il ne sera pas plus amer en infusion plus longue.
Dans les zones subtropicales du Brésil et du Paraguay, un arbre pousse, traditionnellement utilisé par les habitants comme matière première pour le thé. Les branches et les feuilles de cette sorte de houx persistant (Ilex paraguariensis) sont récoltées en automne, grillées sur un feu de bois, ce qui donne naissance aux substances aromatiques typiques de ce thé. Il existe aussi un maté vert, dans ce cas les feuilles sont seulement séchées. Pour la préparation du maté, les feuilles grossièrement broyées sont placées dans une petite calebasse évidée, le « maté », on ajoute de l’eau très chaude mais non bouillante, puis l’on boit par l’intermédiaire d’une bombilla, sorte de cuillère en métal portant un filtre. Chez nous, l’utilisation des sachets à thé est moins cérémonieuse, mais bien plus simple. Pour un maté ouvert on prend une cuillère à café de thé par tasse, on ajoute de l’eau très chaude, on laisse infuser environ 5 minutes. Il faut ensuite filtrer. Le goût est meilleur lorsque la préparation est fraîche (s’il macère longtemps, le maté perd sa couleur appétissante et brunit fortement). Plus l’infusion est courte, moins le goût est intense, plus l’effet énergisant est fort.
Le maté contient de la caféine ; cette substance stimulant le système nerveux central agit plus longtemps que le café sans entraîner d’agitation ni de trouble du sommeil. Les amateurs de maté racontent que ce thé apaise non seulement la soif mais également la faim, notamment lorsqu’on le boit chaud. Le maté contient une forte teneur en vitamine C, il contient des acides aminés essentiels, stimule le métabolisme, il est diurétique et favorise la digestion.
Il existe deux variétés de thé d’écorce relativement peu connues dans nos régions, provenant d’Amérique du Sud où elles ont une longue tradition. Le jatoba est produit à partir de l’écorce interne de l’arbre tropical Hymenaea courbari, qui pousse dans la forêt amazonienne et dans certaines zones d’Amérique centrale. Dans la phytothérapie brésilienne moderne, on attribue au thé de jatoba des propriétés énergisantes, revigorantes, digestes et vermifuges. Il contient en partie des quantités appréciables en sels minéraux (silicium) et en oligo-éléments rares comme le manganèse et le strontium naturel, important pour le métabolisme osseux.
Préparation :
Faire bouillir une cuillère à soupe de jatoba dans un demi-litre d’eau pendant 2 ou 3 minutes, puis laisser brièvement infuser. Un peu de jus de citron favorise la libération des sels minéraux. À savourer froid ou chaud à volonté.
Les arbres du catuaba (Erythroxylon catuaba martius) poussent dans la forêt tropicale d’Amérique du Sud, et comme le lapacho, seule l’écorce à croissance rapide du catuaba est récoltée. Le thé au catuaba, très apprécié au Brésil, contient de nombreux oligo-éléments et sels minéraux. Il présente une teneur remarquable en potassium, calcium et magnésium. Agrémenté d’arômes de citron, ce thé légèrement amer stimule à long terme l’irrigation sanguine et revitalise. Au Brésil, on raconte que lorsqu’un homme a un enfant avant 60 ans, c’est de son fait, après 60 ans, c’est grâce au catuaba ! La couleur rouge de l’écorce de catuaba est par ailleurs présente dans de nombreuses boissons rafraîchissantes. Les taches de ce thé doivent être nettoyées immédiatement, car le catuaba représente à juste titre un excellent colorant.
Préparation :
Faire bouillir 1 cuillère à soupe de thé au catuaba dans 1 litre d’eau environ pendant 5 minutes, puis laisser infuser pendant une vingtaine de minutes.
Le thé au rooibos (prononcer roïboss) ou « buisson de thé rouge » (Asphalatus linearis) nous vient d’un tout autre continent, plus précisément d’Afrique du Sud. Cette plante qui ressemble au genêt atteint une hauteur de 50 cm à 2 mètres, elle possède de courtes feuilles vert clair en forme d’aiguille.
Le rooibos, que l’on trouve dans le commerce également sous l’appellation massai, est non seulement agréable à l’œil, mais en plus il est délicieux. (Il existe également une variété verte non fermentée au goût nettement plus âcre). Sa couleur rouge comme un soleil couchant et son arôme fruité et sucré (sans sucre !) le rend très apprécié des enfants, qui peuvent en boire sans crainte car il ne contient pas de caféine et très peu de tannins.
Préparation :
Verser 1 litre d’eau bouillante sur 5 cuillères à soupe de thé, puis laisser infuser de 3 à 6 minutes. Bien que le thé au rooibos pur soit délicieux, on le prépare souvent en ponch ou en « vin chaud » avec des noix de muscade, de la cannelle, des clous de girofle, des zestes d’orange ou de citron. En été, on peut le boire à la manière sud-africaine : très frais, « on the rocks ». Les cocktails pour enfants sont également très appréciés, on mélange alors un litre de jus de raison, un litre de jus d'orange ou d’abricot et un litre de rooibos, puis on ajoute de petits morceaux de fruits de saison.
Le honeybush (cyclopia), ou buisson à miel, provient des zones montagneuses du sud de l’Afrique du Sud. Cette sorte d’arbuste atteint 60 cm de hauteur, elle possède des feuilles longues et fines, et des fleurs jaune vif odorantes, recherchées des abeilles. Le buisson à miel peut se comparer au thé rouge, mais ne peut pas se cultiver. Le thé provient de la cueillette sauvage et est exporté uniquement en quantité limitée. Il ne contient pas de caféine et est très digeste.
Avez-vouz déjà goûtè?