En cas d'infections légères des voies urinaires, les phytothérapeutiques et tisanes représente une alternative bien tolérée aux médicaments chimiques synthétiques et aux antibiotiques.
Auteur: Claudia Rawer
Les infections de la vessie, des voies urinaires et des reins sont le plus souvent provoquées par des bactéries qui remontent via l'urètre et prolifèrent dans la vessie - l'environnement chaud et humide est le biotope idéal pour les germes. Les symptômes peuvent être légers à très désagréables.
Un symptôme connu est la sensations de brûlure en urinant qui va souvent de pair avec des douleurs. Le besoin de se rendre aux toilettes est ressenti comme toujours plus urgent bien que la vessie soit déjà vide. Les troubles sont souvent particulièrement désagréables à la fin de la miction quand les muqueuses enflammées se touchent lorsque la vessie se contracte.
On appelle d'ailleurs les infections de la vessie et de l'urètre des infections des voies urinaires inférieures. Les infections des voies urinaires supérieures sont le plus souvent le résultat d'une complication d'une infection des voies urinaires inférieures et elles touchent p.ex. le bassinet. Seules les infections des voies urinaires inférieures conviennent à l'automédication!
Une infection de la vessie (cystite) est un mal fréquent surtout chez les femmes. Leur urètre est nettement plus court que celui des hommes - il ne fait qu'à peu près 2,5 à 5 centimètres maximum - ce qui facilité le déplacement des bactéries vers la vessie. Les causes directes sont variées.
Les bactéries peuvent s'introduire par exemple lors de l'acte sexuel - chez les jeunes femmes, cela s'appelle alors la «cystite lune de miel» en langage médical. Les diaphragmes et les spermicides modifient la flore vaginale tout comme une prise prolongée d'antibiotiques. Cela peut favoriser les bactéries en train de remonter. Durant la ménopause, les infections des voies urinaires sont également plus fréquentes. Lorsque le taux d'œstrogène baisse et la circulation sanguine s'affaiblit, c'est entre autres la muqueuse de l'urètre qui devient plus fine et plus fragile, et la sensibilité aux infections augmente.
Le froid et une hydratation insuffisante favorisent les infections des voies urinaires. Une défense immunitaire affaiblie crée de bonnes conditions pour les bactéries qui arrivent. Une autre cause pathologique des infections urinaires provenir des troubles de l'écoulement de l'urine, p.ex. un urètre trop étroit. Dans ce cas, de l'urine dite résiduelle reste dans la vessie. Cette urine permet aux bactéries de se développer et de s'accumuler.
La cause la plus fréquente de l'infection est une infection par contact avec des bactéries Escherichia coli (plutôt inoffensives en soi) issues de la flore intestinale. C'est un fait que les orifices de l'urètre, du vagin et de l'intestin sont assez proches l'un de l'autre. Mais cela n'a que peu de lien avec un manque d'hygiène: Bien au contraire, une hygiène intime exagérée, qui assèche les muqueuses et détruit la flore vaginale, est également considérée comme déclencheur fréquent. Ce n'est que dans des cas rares que d'autres germes sont responsables d'une infection urinaire, par exemple des chlamydiae, champignons ou virus.
Les hommes sont nettement moins souvent atteints d'une infection urinaire que les femmes. C'est dû à la longueur de leur urètre. Le «tunnel vers l'extérieur» des hommes avec ses 20 à 25 centimètres est nettement plus long que l'urètre féminin. Cela protège l'homme des bactéries qui veulent s'introduire. Leur route vers la vessie est plus difficile, la défense locale des muqueuses de l'urètre peut lutter plus efficacement contre les germes, il y a nettement moins de bactéries qui parviennent jusqu'à la vessie.
Mais si une infection de l'urètre (urétrite) ou de la vessie survient chez un homme, le problème est sérieux. D'une part, une telle infection est beaucoup plus douloureuse que chez les femmes la plupart du temps. Outre de fortes sensations de brûlure et problèmes de miction, il y a le plus souvent des démangeaisons, des douleurs dans le bas-ventre, des écoulements et même de la fièvre et des frissons. D'autre part, cela cache le plus souvent une maladie plus sérieuse qui provoque une rétention de l'urine. L'urine retenue dans la vessie pour quelque cause que ce soit offre un terrain favorable aux bactéries. Une rétention urinaire complète provoque des douleurs fortes et peut entraîner une défaillance rénale potentiellement mortelle. Dans tous les cas, une telle maladie doit être prise en charge par un urologue.
Un grossissement de la prostate, l'hyperplasie de la prostate, qui n'est pas dangereuse en soi, peut également provoquer un rétrécissement de l'urètre et perturber l'écoulement de l'urine. Pour cette raison, les infections urinaires sont plus fréquentes chez les hommes de plus de 50 ans.
Si l'infection ne touche que les voies urinaires inférieures d'écoulement et qu'elle est localisée, elle convient le plus souvent bien à l'automédication. Il y a des signaux d'alerte qui indiquent une infection qui remonte dans les reins (le bassinet), par exemple une forte fièvre, une urine teintée ou comportant du sang, des douleurs au niveau des reins, nausées et vomissements ainsi qu'une forte sensation générale d'être malade. Il faut alors absolument consulter un médecin; de même lorsque des symptômes légers perdurent plus de cinq jours, même sous traitement. Les enfants et les hommes doivent se rendre chez le médecin dans tous les cas.
Les cystites sans symptômes sévères et qui n'entraînent que des douleurs faibles et une miction fréquente peuvent bien se traiter à l'aide d'une thérapie dite d'irrigation chez les femmes. Deux à trois litres d'eau, de tisanes et de jus par jour vont bien rincer les reins et les voies urinaires et faire s'écouler les bactéries. Non seulement les préparations à base de plantes aident dans ce processus, mais elles ont aussi un effet antispasmodique, antiinflammatoire et antibactérien; à l'inverse, l'effet des substances végétales ne se produira qu'en étant accompagnées d'eau en quantité suffisante. Nous vous présentons quelques plantes de chez nous qui conviennent particulièrement bien.
Ce n'est pas que dans l'ordre alphabétique que la busserole (Arctostaphylos uva-ursi) se retrouve en haut de la liste des phytothérapeutiques utiles. Elle est connue et éprouvée comme plante médicinale depuis des siècles. Comme la plante appartenant à la famille des éricacées est représentée sur toute l'hémisphère nord, de l'Espagne jusqu'n Scandinavie, de la Sibérie jusqu'à l'Himalaya, le médicament naturel contre les cystites à répétition était connu partout et toujours sous la main.
Mais encore aujourd'hui, l'association faîtière des sociétés nationales de phytothérapie (European Scientific Cooperative on Phytotherapy ESCOP) et la commission E bien connue de l'institut fédéral pour les médicaments et dispositifs médicaux (BfArM) en Allemagne classent la busserole comme remède efficace contre les maladies infectieuses non compliquées des voies urinaires. Les feuilles de busserole sont considérées comme antibiotique léger car elles contiennent la substance arbutine qui produit un effet antibactérien.
Traditionnellement, les feuilles séchées sont utilisées en tisane. En Suisse et en Allemagne, la busserole est cependant devenue rare et elle est protégée; ici, on trouve une offre de médicaments prêts à l'emploi pratiques, p.ex. sous forme de gouttes. Cela présente aussi l'avantage que les substances actives présentes dans ce type de médicament phytothérapeutique sont contrôlées et standardisées.
Bon à savoir: Par précaution, les enfants et adolescents de moins de 18 ans, les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les personnes ayant des problèmes rénaux, ne doivent pas utiliser les préparations contenant de la busserole. Durant la période de prise de busserole, l'urine peut prendre une coloration brune-verdâtre.
Tous les enfants les connaissent: Partout dans les zones tempérées de l'Europe, se trouvent le bouleau verruqueux (Betula pendula, photo à droite) et le bouleau pubescent (Betula pubescens). Une tisane de feuilles de bouleau peut s'utiliser pour rincer les voies urinaires en cas d'infections d'origine bactérienne ainsi qu'en traitement de soutien en cas de calculs rénaux. L'effet des feuilles de bouleau dans la thérapie d'irrigation est généralement considéré comme peu intense, ce pourquoi on aime bien l'associer à d'autres plantes diurétiques dans les tisanes pour les reins et la vessie, par exemple la prêle des champs ou le solidage.
En effet, les substances actives des deux variétés de bouleau impactent de manière ingénieuse le métabolisme humain d'eau et d'électrolytes. La quantité d'eau que notre corps absorbe ou évacue est réglée par des mécanismes des plus variés. Un rôle principal revient alors à l'enzyme ACE (Angiotensin Converting Enzyme) qui régule le maintien de la tension sanguine et justement le métabolisme de l'eau. Les feuilles de bouleau inhibent trois enzymes différentes responsables du métabolisme eau-électrolytes, dont l'ACE. Cet effet est dû à sa teneur en flavonoïdes, surtout aux substances nommées avicularin, hyperoside et quercétine. En freinant l'effet de l'ACE, l'élimination d'eau est favorisée. En association avec la règle de «boire deux à trois litres», les bactéries sont évacuées efficacement du corps.
Bon à savoir: Les patient souffrant d'une rétention d'eau (œdème) en raison d'une insuffisance cardiaque ou d'un dysfonctionnement rénal ne doivent pas utiliser les feuilles de bouleau.
Tout comme pour le bouleau, ce sont les flavonoïdes qui font des orties un remède de grand-mère éprouvé contre les infections urinaires. Ces substances végétales secondaires ont un effet légèrement diurétique et augmentent ainsi la quantité d'urine évacuée. Dans les tisanes et préparations prêtes à l'emploi, l'ortie est souvent combinée à d'autres plantes médicinales comme le bouleau et le solidage.
Bon à savoir: Si vous ramassez vous-même les orties pour une tisane, il faudra tenir compte du fait que cette plante est un révélateur d'azote. C'est pourquoi elle privilégie les endroits surfertilisés - et «l'engrais» peut aussi se composer des déjections de tous les chiens du voisinage. Il faudra donc choisir soigneusement son endroit de cueillette.
Le solidage est connu depuis le XIIIe siècle comme remède naturel contre les infections urinaires. Aujourd'hui, il profite même de la bénédiction de la science: Ses propriétés antiinflammatoires, antispasmodiques et diurétiques sont confirmées et il est considéré comme l'une des plantes médicinales les plus efficaces contre les maladies inflammatoires des voies urinaires d'évacuation.
En dehors des cystites, la plante aux fleurs jaunes lumineux est aussi utilisée en cas d'irritation de la vessie. La commission E, la commissions d'experts en matière de phytothérapie, recommande le solidage pour la prévention des calculs vésicaux et rénaux en plus.
Outre le solidage vrai (Solidago virgaurea), il est aussi possible d'utiliser le solidage géant (S. gigantea). Les deux ont un effet non seulement diurétiques mais antiinflammatoire et spasmolytique en plus. Comme pour d'autres plantes diurétiques, les flavonoïdes que contient le solidage ont un effet aquarétique, ils incitent donc les reins à évacuer plus d'eau. Probablement c'est toutefois une interaction de flavonoïdes et d'autres substances comme les saponines triterpènes et les hétérosides de phénol qui est responsable de l'effet global. L'herbe - la racine n'est pas utilisée - se prépare bien en tisane. Les médicaments prêts à l'emploi existent sous forme de comprimés ou de gouttes.
Bon à savoir: Comme pour d'autres plantes aquarétiques, le solidage ne doit pas non plus être utilisé en cas de troubles du fonctionnement cardiaque ou rénaux qui entraînent des œdèmes.
Il y a toujours encore beaucoup de femmes qui ne jurent que par les jus de baies comme remède de grand-mère contre une cystite. Mais une controverse est en cours sur la question de savoir si l'effet curatif est dû aux substances contenues dans les baies ou au fait de laver l'urètre et la vessie avec beaucoup de liquides. On peut donc se demander à juste titre si les jus souvent vendus très chers valent vraiment le prix élevé.
Une nouvelle étude a ruiné la bonne réputation de la cranberry (canneberge) qui faisait jadis l'objet de tant d'éloges. Initialement, on croyait même connaître le mécanisme d'action: On pensait que des substances végétales secondaires (proanthocyanidines) empêchent l'adhésion des bactéries E.coli aux muqueuses des voies urinaires inférieures. Mais alors qu'une revue systématique Cochrane datant de 2008 et une méta-analyse 2012 de la baie certifiaient encore une bonne efficacité ainsi qu'un effet préventif contre les cystites, une étude de la faculté de médecine de Yale School of Medicine (New Haven, USA) réalisée en 2016 et portant sur 185 femmes vivant en maison de soins (âge moyen 86 ans) n'a démontré aucun effet positif.
On dit que les groseilles peuvent aider en cas d'infections urinaires en raison de leur teneur en flavonoïdes et vitamine C. La vitamine C est censée aider le système immunitaire. Mais on ne trouve quasiment aucune preuve en ce sens.
Les airelles sont censées empêcher l'adhésion des bactéries E.coli comme la cranberry (souvent appelée airelle américaine aussi, bien que ce ne soit pas tout à fait correct). Les germes possèdent des poils très fins appelés fimbriae qui leur permettant de s'accrocher aux muqueuses des voies urinaires. On dit que les tanins du jus d'airelles modifient la structure de la surface des bactéries au fimbriae, de manière à ce que le mécanisme d'adhésion ne fonctionne plus.