Certains enfants ont besoin de temps pour devenir propres la nuit. Généralement, cela est dû à un processus de maturité physiologique tardif. Reste que l’énurésie nocturne est souvent difficile à vivre, pour les enfants comme pour les parents.
En règle générale, les enfants acquièrent graduellement la sensation d'avoir envie d'uriner et d’avoir la vessie pleine à partir de deux ans. Avec la capacité de contenance croissante de la vessie,
la plupart des enfants entre 4 et 5 ans peuvent contrôler volontairement l'évacuation d'urine, et acquièrent la propreté tout d'abord de jour, puis de nuit. Cependant, ces valeurs moyennes ne s’appliquent pas à tous, ainsi quelque 20 % des enfants de 5 ans font encore pipi au lit la nuit, ils sont 10 % à 7 ans et 5 % à 10 ans. Les garçons sont deux fois plus touchés que les filles.
On parle officiellement d’énurésie nocturne lorsqu'un enfant de plus de 5 ans fait pipi au lit au moins deux nuits par mois. En réalité, plus de deux tiers des enfants concernés se réveillent plusieurs fois par semaine dans des draps mouillés.
Pendant la journée, ces enfants n’ont aucun problème pour contrôler leur vessie.
Ces chiffres – étonnants pour beaucoup de gens – montrent que l’enfant qui fait pipi au lit en dormant est loin d’être une exception ; au contraire, les experts considèrent que c'est l'un des troubles les plus fréquents de l'enfance (en terme médical : Enuresis nocturna). L’OMS (Organisation mondiale de la santé) et ses institutions affiliées décrivent l’énurésie comme la deuxième maladie chronique la plus courante (après les allergies).
L’expérience révèle toutefois que des divergences par rapport à la norme sont parfois vite cataloguées de maladie. Dans les années 80, les énurésies faisaient même souvent l’objet de prescription d’antidépresseurs. Depuis, on tient pour acquis que de tels traitements ne sont pas des solutions.
Faire pipi au lit reste un sujet tabou. Les enfants ressentent comme une frustration de se réveiller dans des draps mouillés, ils en éprouvent de la honte. À cela s’ajoute la crainte d’être raillé. Notamment les séjours, les camps ou les nuits passées chez des amis posent un problème ; les enfants concernés préfèrent souvent renoncer à ces plaisirs, ce qui peut conduire à un isolement social et augmenter encore la souffrance.
Les parents ignorent souvent comment aider leur enfant, et craignent de se voir reprocher des erreurs d'éducation, ou d'être responsable de troubles psychiques chez l'enfant. Cette crainte est infondée. L’énurésie nocturne, chez les enfants n’ayant jamais été propres de nuit, n’a aucun lien avec quelconque problème psychique, comme on l'a souvent cru par le passé.
Il en va tout autrement pour les enfants ayant acquis totalement la propreté depuis au moins six mois, et qui soudain se mettent à faire pipi au lit (terme médical : Enuresis nocturna secondaire). Dans ce cas, certains évènements brutaux (décès d'un proche, naissance d'un petit frère ou d'une petite sœur, divorce des parents etc.) peuvent être à l’origine du trouble. Une prise en charge psychologique/psychothérapeutique peut alors s’avérer nécessaire.
« Devenir propre » résulte avant tout d'un processus de maturité biologique, très différent d'un enfant à l'autre et d’évolution variable. Inutile de céder à la panique, chaque année entre 13 et 15 % des enfants de plus de 5 ans deviennent tout seuls propres la nuit.
Si les pipis au lit deviennent trop pesant pour toute la famille, il convient d'écarter tout risque de cause organique avec le pédiatre ou l'urologue, et d’évoquer des thérapies éventuelles. Rien que le fait d’en parler au médecin soulage souvent les enfants et les familles, et apaise la situation.
Les spécialistes examinent les reins, la vessie et les voies urinaires. Certaines anomalies (très rares) du système uro-génital doivent également être écartées, de même que les infections des voies urinaires, le diabète, un trouble neurologique, qui peuvent rendre difficile le contrôle de la vessie.
L’énurésie est généralement due à une évolution lente du système nerveux responsable du contrôle de la vessie ; c’est-à-dire que les mécanismes de contrôle complexes, qui pilotent la vessie et le réveil, ne sont pas encore complètement opérationnels.
Dans certains cas, l’hormone antidiurétique ADH est libérée en trop faible quantité. L’ADH régule la teneur en eau et en électrolytes. Le neurotransmetteur de l'hypophyse est transporté dans le sang selon un rythme dépendant de l'heure de la journée ; la nuit, il freine la production d'urine, produisant ainsi normalement seulement moitié moins d’urine que pendant la journée. Si trop peu d’ADH (parfois appelée vasopressine) est libérée, la grande quantité d'urine alors produite pourra conduire à des fuites incontrôlées de la vessie.
Cette hormone peut est fabriquée synthétiquement et employée en médecine sous une variante modifiée, sous les appellations Desmopressine, Minirin, Nocutil etc. En cas d’énurésie nocturne, le médicament est prescrit depuis 2008 uniquement sous forme de comprimé (soluble), car le spray nasal, (également disponible) présentait un dosage trop imprécis et pouvait entraîner de sévères effets secondaires.
Chez tout de même 60 % des enfants faisant pipi au lit, ce médicament soumis à prescription agit de manière fiable et rapide ; toutefois après la prise du comprimé le soir, l'enfant ne doit plus rien boire jusqu’au lendemain matin. Sinon, des effets secondaires peuvent apparaître : maux de tête, nausées, crampes. Cette « thérapie hormonale de substitution » ne doit pas être administrée chez des enfants de moins de 7 ans, ni pendant plus de trois mois, selon l'institut allemand pour la qualité et la rentabilité du secteur de la santé.
Les comprimés présentent un autre inconvénient : si on les arrête, l’énurésie revient - sauf si les étapes de maturité nécessaire sont entretemps atteintes. Certains pédiatres estiment qu’une prise temporaire peut être utile, par exemple en camps de vacances, en weekend scouts ou à l’occasion d’un séjour chez des camarades ou chez des proches.
Les pédiatres et les urologues misent avant tout sur la thérapie comportementale via des systèmes d'alarme ; les hormones substitutives ne sont données qu'en deuxième intention.
Au cours de nombreuses études, les systèmes électroniques de réveil se sont révélés être la meilleure méthode. Une culotte ou un matelas « stop-pipi » détectent les premières gouttes d'urine et déclenchent une alarme tout comme un réveil, visant à tirer l'enfant de son sommeil pour l'envoyer aux toilettes. Ces systèmes demandent motivation et patience, ils sont bien utiles dès lors que l'enfant souffre de son énurésie. Cela peut durer quelques mois avant de parvenir à un succès durable. Au moins pendant les premières semaines, l’engagement total des parents est requis : ils doivent s’assurer à chaque alarme que l'enfant est bel et bien éveillé et qu'il va aux toilettes. Sinon, la portée pédagogique est nulle.
Votre pédiatre vous donnera des informations détaillées et vous conseillera sur la prise en charge des coûts. Les coûts d’achat ou de location de certains appareils d’alarmes sont pris en charge (partiellement) par les caisses d’assurance-maladie publiques en Suisse et en Allemagne.
Nombre de parents rapportent que l'enfant qui fait pipi au lit ne se réveille pas facilement. Certains ne se réveillent même pas - contrairement au reste de la famille - lorsque l'alarme électronique se déclenche.
La recherche dans ce domaine a révélé des résultats contradictoires. Les enfants mouillent leurs draps pendant toutes les phases de sommeil, pas seulement dans les plus profondes. Une étude menée en 2008 révèle toutefois que les enfants souffrant d'énurésie sont plus difficiles à réveiller que leurs camarades du même âge non concernés, ce qui peut être dû à une immaturité du mécanisme d’éveil. D'autres indices tendent à penser qu'une carence en hormone ADH pourrait rendre plus difficile le passage du sommeil à l'éveil.
Les parents impatients ou déçus devraient rechercher à quel âge eux-mêmes ont été propres la nuit. En effet l’énurésie, et le retard de maturité qui lui est lié, peut être héréditaire. La probabilité liée à la génétique est de 45 % lorsque l’un des deux parents était concerné, et de 75 % si les deux parents étaient touchés.
C’est certainement la meilleure solution pour les enfants de 5 à 6 ans qui font pipi au lit plusieurs fois par semaine, plutôt que d’accumuler des montagnes de linge sale et d'accroître la frustration des parents.
C’est plus difficile lorsque les enfants sont plus grands car ils vont trouver les couches humiliantes.
L’industrie a imaginé des solutions intermédiaires : des culottes absorbantes pour la nuit, qui ressemblent (presque) à des slips ordinaires. Il en existe pour filles et pour garçons, en taille différentes, avec divers motifs, conçus pour des enfants de 4 à 12 ans et même jusqu’à 15 ans (par ex. Pampers UnderJams, DryNites®). Toutefois il ne faut pas forcer les enfants à porter ces culottes.
Les parents devraient en outre aider leur enfant à ne pas rater le moment de la propreté. Le professeur Dr. med. Remo Largo, pédiatre et auteur d’ouvrages spécialisés, estime que lorsqu’il est devenu normal pour l’enfant de faire dans sa couche, il est très difficile de changer ce comportement.
Il ne faut pas oublier non plus les mauvaises
habitudes quant au fait de boire. Nombre d’écoliers boivent seulement en
fin d'après-midi et le soir. La vessie est alors pleine durant la nuit,
les accidents surviennent plus facilement.
Si l'enfant ne
boit pas assez durant la journée, il lui manque un stimulus important
pour activer la capacité de la vessie correspondant à son âge.
Il
ne faut jamais interdire de boire, mais bien veiller à ce que la soif
soit apaisée surtout en journée. Le soir, il faut renoncer aux sodas
gazeux ou contenant de la caféine (coca-cola) ; les boissons sucrées
amènent à boire sans soif.
Si l’enfant a soif, l’idéal est de boire un verre d’eau plate.