Imaginez une orange ronde et ferme. Vous l’épluchez, vous percevez son odeur douce et acidulée, vous sentez son écorce aromatique, puis vous divisez cette jolie boule en petits morceaux appétissants.
Alors ? Il vous en vient l’eau à la bouche ? Pas étonnant : le goût des agrumes est enregistré très précisément dans notre cerveau. Même sans manger d’orange, nous connaissons le goût du fruit mûr et le plaisir que procure son arôme.
Les oranges mûres sont juteuses, fermes, leur chair est dodue, leur parfum stimulant, elles favorisent le bien-être et l’imagination. Les oranges diffusent des senteurs de soleil, du Sud, de vastes étendues, de plaisir. Elles mettent tous les sens en fête. Présentées dans la corbeille à fruits, pressées en jus dans un verre, en diffuseur de parfum ou simplement épluchées et offertes à la dégustation : les oranges symbolisent toujours la fertilité et la douceur de vivre.
Dans les pays méditerranéens, les orangers aux fleurs blanches ou roses représentent en outre la virginité. Peut-être prend-on ses désirs pour des réalités ; en effet, aucun autre fruit n’est si fréquemment décrit comme « sensuel » ou « érotique ».
Auteure: Christine Weiner, 9.05
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En Allemagne, on a appelé l’orange (en latin citrus sinensis) Apfelsine [littéralement pomme de Chine] jusque dans les années 60 ou 70. Certains l’appelaient également Chinaapfel [pomme chinoise]. Les deux noms évoquent le pays d’origine de l’orange, de même qu’en néerlandais « appelsien » signifie là encore pomme de Chine. Le fruit était en effet déjà cultivé en Chine il y a 4 000 ans.
Au XVe siècle, de nombreux explorateurs partirent en mer, notamment les Portugais, et ramenèrent dans leurs bagages les oranges, qu’ils répandirent dans le bassin méditerranéen. On ne sait pas exactement qui a ramené les graines, ni à quel endroit. On sait en revanche que quiconque goûtait à ces fruits voulait en posséder. Les Européens ne sont pas les seuls à avoir associé l’orange à l’idée du plaisir, de la fertilité et du bien-être. Les oranges ont toujours été un symbole de richesse et de luxe. Ce n’est pas pour rien que l’orange figure par exemple sur les armoiries des Medicis, famille de banquiers qui a régné sur Florence pendant trois siècles.
Christophe Colomb a emporté les oranges entre autres jusqu’en Haïti, puis les Espagnols les ont répandues en Floride. En Europe, l’orange de Floride a d’ailleurs été pendant longtemps un terme à part entière. Certaines boissons en font même de la publicité, et les habitants de ce « pays du soleil » arborent fièrement une orange accolée sur leur plaque d’immatriculation.
Dans cette partie méridionale de l’Amérique, le climat est idéal pour les oranges, ce qui explique que de nos jours, 40 % de la production mondiale viennent de Floride. On trouve également de vastes plantations d’orangers au Brésil et au Mexique. Seule une faible part, environ 8 %, provient d’autres pays, comme l’Espagne et l’Italie. Vous pensiez certainement que c’était davantage.
Lorsque l’on se promène en Italie, il arrive de croiser des orangers en bordure de route. Tout le monde passe devant sans s’y intéresser. « Eh bien, ces gens en ont-ils assez des oranges ? », pensez-vous, en prévoyant peut-être de revenir à la tombée de la nuit avec un panier pour en cueillir. N’en faites rien. Les Italiens ne sont pas ignorants, et savent au contraire exactement ce qu’ils font.
Ces orangers sont en fait des bigaradiers. Les oranges amères qu’ils produisent ne se mangent pas crues, elles sont trop acides et trop aigres. On peut cependant en faire de délicieuses confitures, et leur écorce aromatique est utilisée pour la fabrication de liqueurs à l’orange. Dans la Rome antique, l’orange amère était un remède contre certains poisons ; mais ce type de thérapie n’est plus utilisé aujourd’hui.
Il n’y a aucune règle en la matière. Nullement en tout cas concernant la couleur de la peau. La belle couleur orangée ne provient pas de l’ensoleillement, mais de la fraîcheur des nuits dans les pays du Sud. Certaines oranges sont jaunes, et sont cependant tout à fait mûres et délicieuses.
Les oranges sanguines ont une écorce plutôt rouge-orangé, plus fine. Les oranges d’Europe, de Californie et d’Afrique du Sud sont généralement d’un orange lumineux, tandis que celles provenant du Brésil ou de Floride sont plutôt pâles ou tirant sur le vert. Concernant la taille, il n’y a pas de règle non plus. La saveur peut être acide, sucrée, aigre-douce, assez acide, ou très acide.
L’orange fait partie des agrumes, et comme tous les fruits de cette famille, elle est riche en vitamine C (env. 50 mg pour 100 g de fruit). Une belle orange fraîche de bonne qualité peut couvrir les besoins quotidiens en vitamine C.
En outre, l’orange fournit de la vitamine B, du calcium, du magnésium et du potassium. Elle a un effet diurétique, favorise la digestion, avec une action légèrement laxative. Et elle réveille ! De nombreux fêtards à l’estomac solide boivent le soir un cocktail de citron et d’orange : cela maintient éveillé, jusqu’à en user ses semelles !
Pour qu’une orange ait un goût intense, qu’elle soit juteuse et odorante, il faut la cueillir au bon moment. Les oranges ne mûrissent plus une fois cueillies. Comme expliqué plus haut, la couleur de la peau ne renseigne pas sur le degré de maturité. Des oranges de couleur pâle ou verte peuvent être aussi mûres que celles plus jaunes ou rouges. Lorsqu’on les achète, on ne peut jamais être sûr de ce qui se cache derrière la peau.
Si vous souhaitez utiliser des écorces d’orange en cuisine ou en pâtisserie, il faut toujours acheter des oranges bio, car elles ne sont ni cirées ni traitées. « Cirées » signifie que l’écorce est recouverte d’une légère couche de cire qui empêche la peau de sécher. Cette cire est certes réputée inoffensive, reste que si l’on consomme l’écorce, on absorbe la cire en même temps.
Les oranges sont traitées après récolte, avec des produits de conservation anti-moisissures. La majeure partie reste collée sur la peau, seules des traces infimes parviennent jusqu’à la chair. Il est toutefois recommandé de se laver les mains après avoir épluché un fruit traité, car les doigts peuvent transmettre ces conservateurs dans la chair. Le fournisseur est tenu de signaler les oranges traitées. Mais il vaut mieux demander !
Par ailleurs : l’indication « fruit non traité » concerne uniquement le procédé après récolte, mais non les autres substances chimiques éventuellement injectées pendant la pousse. Il ne faut donc pas confondre « non traité » et « issu de l’agriculture biologique ».
Avez-vous déjà goûté ?
Les oranges navel sont les meilleures oranges, leur peau est épaisse, elles sont juteuses et sucrées. L’une de leurs principales caractéristiques est leur « cœur » ou nombril (en anglais navel) niché dans le réceptacle floral.
Les oranges blondes (par ex. oranges de Jaffa) présentent une peau claire et épaisse, leur chair est ferme et juteuse. Les oranges sanguines sont extrêmement juteuses, leur chair est rouge et leur peau rouge orangé. On ne les cultive que depuis le milieu du XIXe siècle. Les oranges tardives ont la peau fine et lisse, aromatique, la chair est claire et comporte peu ou pas de pépins.
Concernant l’huile essentielle d’orange ou de fleur d’oranger, comme pour toutes les huiles utilisées en aromathérapie, l’huile doit être 100 % naturelle, obtenue à partir d’un distillat naturel ou par pression à froid. Là encore, l’agriculture biologique est la meilleure.
L’huile essentielle d’orange fournit une senteur d’intérieur merveilleuse. Elle est positive, stimulante et particulièrement agréable lorsqu’on se sent agité, tendu ou inquiet. Son parfum remonte le moral, libère des notes sensuelles et est propice aux câlins, car il confère chaleur et tendresse.
Certains trouvent ce parfum fruité, d’autres âcre, d’autres encore le décrivent comme sucré, léger et lumineux. Depuis peu, l’orange est en outre utilisée pour parfumer de nombreux produits de nettoyage - une belle idée publicitaire.
Cependant, même si les huiles sentent délicieusement bon, elles ne doivent jamais être utilisées pures, jamais sur la peau, et jamais chauffées. Toutes les huiles d’agrumes peuvent être irritantes pour la peau, certaines personnes peuvent développer des allergies rien qu’en les utilisant en parfum d’ambiance. Notamment les femmes enceintes, les personnes âgées ou malades doivent demander à un spécialiste, par exemple un aromathérapeute qualifié, quelle huile pourrait leur convenir, et en quelle quantité. Sur l’étiquette, vous trouverez les données relatives à la qualité et au mode de production. L’huile essentielle d’orange est fabriquée à partir de l’écorce d’orange douce et d’orange amère.
Pour le bain, l’idéal est d’utiliser l’huile provenant des fleurs. On peut mélanger quelques gouttes d’huile de fleurs d’oranger avec une huile végétale de qualité, du lait ou un peu de crème. On compte en général cinq gouttes pour une cuillère à soupe d’huile végétale. Une gélule de vitamine E permet de conserver l’huile de bain. L’huile de fleurs d’oranger peut en outre parfaitement se combiner avec d’autres huiles essentielles.
Tout le monde connaît et apprécie le jus d’orange, si possible fraîchement pressé. C’est une bonne dose de vitamine C, souvent servie au petit-déjeuner. L’orange est également délicieuse en boisson chaude ! Par exemple en grog : en mélangeant du thé très chaud (thé noir ou infusion aux fruits), du jus d’orange, du jus de citron, de la cannelle, des clous de girofle, du sucre roux, éventuellement un peu de rhum. Miam, l’hiver peut arriver !
Dès le XVIe siècle, il était très en vogue dans les cours princières d’Europe de posséder des orangers et d’autres agrumes. Ce verger particulier constituait l’orangerie. Les nobles et les riches, émerveillés par le parfum des fleurs d’oranger ou de citronnier, ont voulu cultiver sur leurs terres les généreux agrumes des pays du Sud.
Mais le climat était trop rude. Les arbustes poussaient mal, ont dépéri, et ne produisaient pas de fruits. Au fil du temps, les connaissances pour pouvoir cultiver correctement les plantes du Sud se sont développées. On a ainsi construit d’immenses halles, pour abriter les arbustes sensibles au froid. On y plaçait non seulement les orangers et les citronniers, mais également les grenadiers, les myrtes, les lauriers-roses, les aromates et certaines variétés de rose.
Ces grandes serres ont été baptisées « orangeries ». Ces édifices offraient un endroit somptueux aux arbustes savamment disposés, et les orangeries sont souvent devenues des lieux d’exposition de peinture, d’organisation de banquets et d’autres divertissements. Les serres baignées de lumières des règnes princiers restent toujours un lieu agréable, notamment en hiver. Même s’il neige, il y règne une atmosphère méridionale.
Petit conseil : le jus d’orange peut se congeler, également les oranges épluchées et coupées en tranches. On peut les conserver ainsi 10 à 12 mois.