Ils protègent, mais ils contiennent aussi des polluants : les sachets, boîtes, films et Cie. sont un défi écologique. La recherche travaille sur des alternatives écologiques, mais il n'y a pas toutes les évolutions qui sont vraiment durables.
Auteur: Tino Richter, 09/18
Les emballages sont nécessaires, aucun doute. Ils protègent nos denrées alimentaires, augmentent la durée de conservation et réduisent la charge en germes. Mais parmi les 6300 millions de tonnes de déchets en plastique que l'humanité a déjà fabriqués selon Science Advances, ce sont quasiment 80 pourcent qui sont stockés dans des décharges ou se retrouvent dans l'environnement. Il n'y a même pas encore un dixième de ces matériaux qui a été recyclé jusqu'à présent. Et rien que dans l'UE, ce sont tous les ans quasiment 50 millions de tonnes de plastique supplémentaires qui arrivent dans les commerces.
Les composés chimiques qui n'ont rien à faire dans la nourriture proviennent majoritairement des emballages. Le laboratoire cantonal de Zurich en charge de la surveillance de la sécurité alimentaire estime qu'il y a environ 100 000 substances qui peuvent passer des emballages dans les aliments. Et il y en a beaucoup qui ne sont même pas connues.
Au tout début des emballages en plastique, il y avait la cellulose, la matière de départ de la cellophane. Ce n'est qu'ensuite que le pétrole, moins cher, est devenu la base des matières plastiques habituelles aujourd'hui comme le polyéthylène (PE), le polypropylène (PP) et le chlorure de polyvinyle (PVC). Mais les matières plastiques se retrouvent dans l'environnement via les déchets. On estime qu'une bouteille en plastique a besoin de jusqu'à 450 ans avant d'être désagrégée. Sachant qu'une dégradation complète est peu probable, les produits deviennent juste de plus en plus petits, on les appelle alors microplastiques. Avec le passage aux matières premières renouvelables comme l'amidon des betteraves à sucre et du maïs ainsi qu'à la cellulose du bois, des matières plastiques telles les polylactides (PA), les polyhydroxalcanoates (PHA) ou Mater-Bi ont vu le jour, qui devraient aussi être biodégradables dans certaines conditions.
Mais l'euphorie était suivie de désenchantement. Car il n'y a pas toutes les matières plastiques issues de matières premières renouvelables qui sont compostables. Et toutes les matières plastiques biodégradables ne sont pas fabriquées en matières premières renouvelables. La décomposition des sachets en matière biodégradable est très longue, plus long que prévu pour les stations de compostage municipales. La conséquence en est que les «sacs poubelle bio» (que l'on reconnaît grâce à la grille et au logo) sont le plus souvent mis à part pour finalement être incinérés. De plus, les installations de tri automatisé sont le plus souvent incapables de distinguer le sac bio et le sachet normal de toute façon. Ceux qui ont envie d'avoir des précisions devraient s'adresser à l'office communal de gestion des déchets et demander explicitement. De plus, les matières plastiques bio ne se transforment pas en composants précieux du sol en se dégradant, elles favorisent plutôt l'acidification des sols.
S'y ajoute le fait que le plastique issu de matières premières renouvelables bloque des surfaces agricoles précieuses et aggrave ainsi encore davantage le bilan écologique. L'emballage en soi ne représente que dix pourcent au maximum de l'impact environnemental. C'est pour cette raison que les plastiques bio ne sont le plus souvent pas mieux, voire en partie même pires que les plastiques conventionnels à base de pétrole. Les variantes bio dans la forme pure contiennent certes moins d'additifs dangereux pour la santé, mais ça n'aide pas les espèces marines. Elles peuvent aussi mourir à cause d'un sachet bio en raison du processus de dégradation long. La part des matières biodégradables est nettement inférieure à 0,1 pourcent en Suisse, ce qui rend économiquement non rentable l'effort consacré au compostage.
Donc que faire face au problème des emballages ? Le recyclage et l'évitement de déchets dus aux emballages sont deux points décisifs pour l'évolution future. Alors que papier et le verre peuvent être recyclés jusqu’à 80 pourcent, ce taux est beaucoup plus bas pour les matières plastiques. C'est pour cette raison que le taux légal de recyclage en Allemagne n'est que de 36 pourcent, bien qu'un taux jusqu'à 65 pourcent soit faisable. Selon l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), la Suisse a défini un objectif de 70 pourcent, cette convention est cependant basée sur le volontariat. Jusqu'à présent, ce ne sont que 8 pourcent des déchets qui sont recyclés ici, le reste parvient aux installations d'incinération.
Les alternatives ne sont pas encore tellement avancées malgré des approches de recherches prometteuses. La Prof. Andrea Kruse, directrice de l'institut de technologie agricole de la spécialité technologies de conversion des matières premières renouvelables de l'université de Hohenheim, travaille sur une d'entre elles. L'Europe produit tous les ans environ 500 000 tonnes de déchets d'endives car le tubercule de la plante est impropre à la consommation en raison de son amertume. Mais il contient la matière de stockage inuline qui peut être transformée, en passant par quelques stades intermédiaires, en un polyester nommé polyéthylène furanoate (PEF) qui présente une structure similaire à celle du PET. La substance peut aussi être transformée en nylon (polyamide). La quantité d'endives produite permettrait ainsi de fabriquer environ trois milliards de collants en nylon.
Le collant «endive» n'est pas compostable, en revanche, les «procédés de tri, de nettoyage et de transformation habituels actuellement» permettent de les réutiliser jusqu'à six fois, explique l'experte. Car, selon Prof. Andrea Kruse, les matières plastiques compostables ne constituent pas une alternative : «Nous ne fabriquons pas de matières plastiques biodégradables, car nous pensons qu'elles ne sont pas durables. On ne peut les utiliser qu'une seule fois. Par rapport à l'effort nécessaire pour la fabrication de l'emballage, le compostage n'est pas une utilisation appropriée.»
Le produit à base d'endives ne requiert pas d'autres substances fossiles supplémentaires. On fait fonctionner les installations avec les restes de la biomasse non utilisée. En fin de compte, les éléments nutritifs issus des restes d'endives retournent dans le champ, poursuit Andrea Kruse. Au lieu de cultiver des matières premières spécialement pour l'industrie des emballages, ce sont des déchets végétaux qui sont utilisés comme base tout en étant exploités sur le plan de l'énergie.
Toutes ces approches donnent certes de l'espoir, mais ne peuvent pas cacher le fait que, en l'absence d'initiatives en faveur de l'évitement des déchets et du recyclage, nous allons infliger encore plus de plastique à cette planète pendant des décennies. Les poivrons espagnols, les myrtilles de Pologne ou la roquette de la région auront encore besoin d'un emballage à l'avenir, pour que les produits restent frais et que la culture soit rentable pour le fabricant. Pourquoi ne pas appliquer davantage le principe du pollueur-payeur comme l'envisage l'UE ? Quand on utilise beaucoup de matériel d'emballage, il faut aussi contribuer plus à l'élimination.