« Il faut que je fonctionne quelles que soient les circonstances ! » Si l’on applique systématiquement ce principe, on se retrouve malheureusement bien souvent dans la catégorie des patients souffrant de maux de tête et de migraine et consommant toujours plus de médicaments, parfois même «à titre préventif».
La crainte de se faire remarquer, dans le cadre privé ou professionnel, par l'apparition de maux de tête soudains expose ces personnes à une souffrance permanente : pris de façon abusive, les médicaments de synthèse ne sont plus efficaces contre les douleurs mais déclenchent eux-mêmes des maux de tête chroniques. Alors qu'ils étaient censés aider, c'est l'inverse qui se produit.
Auteur : Angelika Eder
Après les problèmes de dos et les maladies infectieuses, les maux de tête sont la troisième raison la plus fréquente justifiant la consultation d’un médecin. Les maux de tête primaires affectent près de 90 % de la population et sont considérés comme étant une maladie propre non générée par d’autres maladies (sinusite ou hypertension par exemple). S’y ajoutent les maux de tête de tension et la migraine ou une combinaison des deux.
Le Dr Ronald Brand (Migräne-Klinik, Königstein, All.) présente les formes que cette attaque dirigée contre le propre organisme du patient peut prendre, certaines patientes absorbant par exemple chaque jour entre 10 et 20 produits composites contenant de la caféine.
Selon une étude américaine portant sur 756 patients souffrant de maux de tête permanents générés par les médicaments, la majorité de ces personnes prend régulièrement plus d’un principe actif – l’absorption pouvant se solder par une trentaine de comprimés par jour. Selon le « Pôle migraine » du Dr Göbel, le déclenchement des maux de tête par leur traitement est considéré comme objet de suspicion dès que les produits respectifs « sont absorbés plus de dix jours pendant une durée supérieure à trois mois, que le patient souffre de plus de 15 jours de maux de tête par mois et si une amélioration est constatée dans les deux mois suivant l'interruption de l'absorption. »
À ce jour, « nul ne peut expliquer de façon satisfaisante », selon M. Brand, la raison pour laquelle les médicaments contre les maux de tête et la migraine peuvent déclencher des douleurs chroniques, alors que la plupart des patients souffrant de rhumatismes prennent régulièrement des analgésiques contre leurs douleurs sans aucune conséquence spécifique.
Il semble en tout cas certain que le seuil de la douleur baisse sous l’influence d’une médication permanente. Certains récepteurs réagissent par une perte de sensibilité aux médicaments pris en permanence se fixant sur eux. Les douleurs persistent et la dose doit donc être augmentée : le cercle vicieux des comprimés et de la douleur est en place.
Il est heureusement possible de guérir les maux de tête chroniques générés par ce type d’abus : il faut alors procéder à un sevrage hospitalier. Selon M. Brand, il peut durer entre 7 et 21 jours selon la fréquence d’absorption et la quantité de médicaments absorbés. Pendant cette phase, la prise de médicaments apaisants et la mise en place de mesures préventives aident le patient à se libérer durablement de ses douleurs chroniques et à apprendre à utiliser les médicaments conformément à leur destination.
Le sevrage est une condition absolument indispensable pour la prophylaxie de la migraine. Lors du dernier congrès de médecins internistes, le Pr Hans-Christoph Diener, directeur de la clinique de neurologie de l’université d’Essen, a cité comme moyens adéquats de « second choix », autrement dit succédant au sevrage de médicaments de synthèse, outre divers bêtabloquants spécifiques, antagonistes du calcium et antiépileptiques, le magnésium et l’extrait de pétasite. Selon une étude internationale, le nombre de crises a été réduit de moitié chez les patients suivant un traitement de phytothérapie à base de pétasite.
Rafraîchissante et relaxante, l’huile de menthe s’est avérée être également un bon remède contre les maux de tête de tension. Les études effectuées sous la direction du Pr Göbel à la Schmerzklinik de Kiel (All.) ont mis en évidence que l’huile de menthe appliquée sur le front et sur les tempes était aussi efficace que les analgésiques conventionnels dans les cas de maux de tête de tension (mais pas de migraine).
Il est également tout aussi important de connaître les causes et déclencheurs potentiels, les possibilités de contrôle de la migraine et d’apprendre les stratégies de lutte contre la douleur et le stress.
Selon M. Göbel, les sports d’effort continu que sont le jogging et la marche nordique, le vélo et la natation sont particulièrement indiqués s'ils sont pratiqués sans ambitions démesurées, de même que l'entraînement quotidien à la relaxation progressive en profondeur de la musculation selon Jacobsen. Régulièrement appliquée avant de se lever, cette méthode permet d’obtenir de remarquables résultats, comme le souligne M. Brand : « Ces dix minutes peuvent vous épargner 48 heures de douleurs. »