Ici de jeunes singes s’amusent aux côtés de joyeux hippopotames, des monstres jouent à côté de nains, là Captain Iglo fait un grand sourire sur le paquet, et là Maya l’abeille. Les aliments destinés aux enfants représentent un secteur lucratif, et ont généralement quelque chose en commun : ils sont mauvais pour la santé.
Les rayons des supermarchés regorgent de produits « conçus pour les enfants ». Images colorées sur les emballages, autocollants, figurines en plastique à collectionner et noms imaginaires attirent les enfants dès trois ans. Nul ne s'étonnera que les enfants réclament, et que les parents achètent. Tandis que les petits se laissent séduire par les images aux couleurs vives et par la publicité de la télévision, les adultes croient souvent leur acheter quelque chose de bon.
Auteure : Dr. Claudia Rawer, 09.13
Les produits promettent en effet « une dose supplémentaire de vitamines », « des sels minéraux sains », « le meilleur du lait » etc. Ce ne sont que de malins slogans publicitaires et rien d’autre : En réalité, ces aliments n’impressionnent que par leur énorme quantité de sucre et de matières grasses.
La plupart des aliments destinés aux enfants sont sucrés – très sucrés. Le sucre vient souvent du sucre de table ou du sucre cristallisé, il peut aussi se cacher sous le nom de dextrose ou de glucose (sucre de raisin), de fructose (sucre de fruit) ou de lactose (sucre du lait). Ce qui pose surtout problème, ce sont les additifs de fructose sous forme cristalline ou en sirop. Même si le « sucre de fruit » semble à l’oreille bon pour la santé, cette variété très sucrée est utilisée massivement dans l'industrie agro-alimentaire pour les aliments préparés. Ces ajouts suscitent des problèmes de santé croissants chez les enfants comme chez les adultes.
Même si une portion normale de fructose, comme les fruits ou jus de fruits frais que nous consommons, ne pose pas de problème chez les personnes en bonne santé, reste que l’organisme n’est pas fait pour assimiler du fructose en grande quantité. Cela peut conduire à des troubles du métabolisme passagers ou chroniques, comme la malabsorption du fructose. De plus, des médecins américains tiennent l’ajout excessif de sucre pour responsable de l'augmentation des dysfonctionnements du métabolisme des lipides, du diabète, du surpoids, de l’hypertension et des infarctus.
« Il existe de plus en plus de preuves scientifiques indiquant que le fructose peut déclencher certaines maladies chroniques et qu’il est toxique pour le foie », affirment les chercheurs américains dans leur étude (« Nature », 2012). Un peu de sucre est certes inoffensif, mais trop de sucre tue – même très lentement ».
Dès l’âge d'un an, la même règle s’applique aux enfants et aux adultes en matière d’alimentation équilibrée : beaucoup de fruits et de légumes de couleurs variées, et de petites quantités de produits laitiers, d’œufs, de noix et noisettes, de viande, de poisson et de tofu.
Les enfants doivent faire le plein d’énergie à partir des glucides complexes comme ceux contenus par exemple dans les céréales complètes, les légumes, les pommes de terre, les pâtes et le riz. Pour se désaltérer, rien ne vaut l'eau.
Foodwatch décrit les céréales du petit-déjeuner dans leur paquet coloré comme des « sucreries déguisées en müesli ». En effet, elles n’ont plus rien à voir avec la recette d’origine de Bircher-Benner ni avec le müesli d’A.Vogel. Les mélanges destinés aux adultes contiennent déjà en moyenne un taux de sucre de 20 %.
Concernant les céréales destinées aux enfants, la moitié des produits examinés contenait 30 % de sucre – plus que dans un « petit beurre ». La teneur en céréales est par ailleurs faible en comparaison, malgré l’indication « céréales complètes ».
Les enfants n’ont pas besoin non plus de produits laitiers spéciaux. Mis à part le sucre, les petits paquets colorés contiennent généralement beaucoup de matières grasses, en effet ils sont fabriqués à partir de lait entier (3,5 % de matières grasses) ou de fromage frais (6 à 9 %). À cela s’ajoute souvent une grosse quantité de colorants et de substances aromatiques. La teneur en fruits est en revanche bien réduite.
Les chocolats Riegel et autres barres lactées sont certes présentées comme étant recommandées pour les enfants, elles ne sont en fait rien d’autre que des sucreries. Une barre suisse Riegel au lait et au chocolat, par exemple, contient (dans un paquet de 30 grammes) 10,3 g de sucre (soit 34 %) et 8,8 g de matières grasses (29,3 %) dont 5,6 g de graisses saturées nocives. Cet en-cas avalé en un rien de temps contient 135 calories.
Les boissons supposées rafraîchissantes contiennent souvent une teneur en fruit insignifiante, et par contre beaucoup de sucre, de vitamines synthétiques inutilement ajoutées et de colorants. Les boissons lactées indiquent presque toujours « apport supplémentaire en calcium », mais ne désaltèrent pas mieux du fait de leur énorme teneur en sucre. La consommation régulière de boissons sucrées est mauvaise pour les dents et augmente le risque de diabète.
Il est parfois difficile de nourrir les enfants comme il convient le mieux pour eux. Les très jeunes enfants se laissent déjà influencer par la publicité; jusqu'à l'âge de huit ans, ils pensent que la publicité dit vrai. Même les adolescents, souvent, ne comprennent pas bien l’objectif de la publicité – à savoir les convaincre d’acheter le produit présenté. Ainsi, la publicité vantant des aliments nocifs destinés aux enfants intervient généralement juste avant ou tout de suite après les émissions de télévision pour enfants. Avec pour conséquence : des enfants qui réclament sans arrêt « j'en veux aussi » et qui se servent intempestivement dans les rayons, des ados râleurs, et des parents sur les nerfs.
L’organisateur pour la défense des consommateurs Foodwatch a décerné cette année son prix négatif « le chou à la crème d’or » désignant la publicité la plus sans-gêne, au fabricant de « Capri-Sonne », une boisson avec une forte teneur en sucre: en effet le fabricant s’adressait aux enfants par la publicité à la télévision et sur Internet mais aussi via des manifestations sportives sponsorisées ou dans des centres de vacances.
Essayez par conséquent de protéger vos enfants de telles influence directes sur la consommation. Citez un bon exemple pour contrecarrer la publicité d’un œil critique. Ou bien achetez ces aliments destinés aux enfants seulement exceptionnellement, voire jamais, et cherchez aussi souvent que possible des variantes saines.