Le psoriasis est toujours encore considéré comme incurable. Mais le traitement a connu de grands progrès depuis le temps. La médecine naturelle propose, elle aussi, quelques moyens de soulagement.
Auteur: Andrea Pauli, 09/18
Selon l'organisation mondiale de la santé (OMS), le psoriasis est un problème global de santé ; il y a environ 100 millions de personnes atteintes à travers le monde.
La majorité (55 pourcent à travers le monde) a abandonné tout espoir de retrouver une peau asymptomatique. Et pourtant, on considère aujourd'hui que la maladie se traite bien - avec les médicaments appropriés. Les spécialistes sont d'accord pour dire que la réduction des troubles de 90 à 100 pourcent comme objectif possible du traitement sera bientôt envisageable.
Un de ces spécialistes est le Prof. Alexander Navarini, professeur clinique de dermatologie à l'université de Bâle et médecin chef de la dermatologie de l'hôpital universitaire de Bâle. «Aujourd'hui, nous connaissons assez précisément la genèse du psoriasis. Cela nous permet de cibler beaucoup mieux nos traitements. Les produits appelés biologiques apportent une grande contribution à cela», explique le professeur. «Ceux-ci sont injectés en sous-cutané et bloquent le système immunitaire en interférant de manière ciblée dans la réaction erronée des défenses immunitaires. De plus, ils bloquent certains neurotransmetteurs qui déclenchent et favorisent l'inflammation. Ils interrompent ainsi le processus inflammatoire et sont capables de contrôler le psoriasis à long terme.» Le biologique doit être utilisé régulièrement afin de rester sans symptômes.
Le traitement par biologiques n'est pas exempt d'effets secondaires. Ce sont surtout les injections permanentes qui peuvent entraîner des douleurs, des gonflements et des rougeurs. On peut également observer une accumulation d'infections et certains effets secondaires d'ordre immunologique ; chez une partie des patients, une perte d'efficacité encore inexplicable survient au bout de quelques années. La commission fédérale allemande du médicament met en garde contre le fait que certains biologiques peuvent être responsables d'une inflammation intestinale grave ou aggraver une telle inflammation non encore diagnostiquée (cela concerne cependant moins d'un pourcent des patients).
En ce moment, seules les personnes atteintes d'un psoriasis très marqué, avec plus de 10 pourcent de la surface cutanée, reçoivent des biologiques car les médicaments modernes coûtent jusqu'à 25000 francs par an.
«Une évolution intéressante sont les petites molécules qui se prennent sous forme de comprimé et qui ne sont pas très fortes, mais très sûres», ainsi le Prof. Navarini. Ces mini-molécules sont tellement petites qu'elles sont capables de pénétrer une multitude de cellules. Ce faisant, elles inhibent la production par les cellules inflammatoires des neurotransmetteurs qui favorisent les inflammations. Leur petite taille et structure plus simple comparée aux biologiques les rend aussi insensibles aux sucs digestifs. Selon les spécialistes, le point fort des nouveaux médicaments doux est leur grande sécurité, p.ex. l'absence d'infections graves, ce qui permet de se passer d'une surveillance en conséquence.
Un psoriasis léger sera traité par application externe, une évolution grave de la maladie nécessite une photothérapie et une thérapie systémique. Les médecins traitants travaillent alors selon les directives appelées S3. Le critère d'évaluation de la gravité de la maladie est le pourcentage de la surface cutanée affectée (Body Surface Area, BSA) ainsi que la sévérité des symptômes et la localisation (Psoriasis Area and Severity Index, PASI). On tient compte également de la qualité de vie spécifique à la maladie (Dermatology Life Quality Index, DLQI). Pour un psoriasis moyen à sévère, il y a au moins une de ces valeurs qui est supérieure à 10 pourcent et parfois ce sont toutes les valeurs qui excèdent 10 pourcent.
Les traitements habituels du psoriasis sont majoritairement à visée antiinflammatoire et entraînent par la suite un ralentissement de l'échange des kératinocytes qui touchent l'épiderme (des cellules spécialisées qui produisent la substance cornée kératine) et un tassement des plaques.
Suivant un «schéma par niveaux», un soin cutané soigneux et regraissant constitue la base de tout traitement ; on utilise des pommades, crèmes et lotions (parfois aussi du gel ou de la mousse). Ceux-ci peuvent contenir de l'acide salicylique (pour détacher les squames), de l'urée (antiinflammatoire, calme les démangeaisons), du polidocanol (apaise les démangeaisons, refroidissant), du goudron (freine la division cellulaire en augmentation pathologique) ou du dithranol (normalise la multiplication exacerbée des cellules cutanées ; l'utilisation est compliquée, on ne l'utilise donc quasiment plus qu'en hospitalisation). D'autres substances utilisées sont les corticoïdes et des préparations contenant de la vitamine D3. Ces dernières sont particulièrement intéressantes dans le traitement de longue durée ; d'après l'avis de certains spécialistes, elles s'associent bien à d'autres traitements en plus. Les descendants de la vitamine A freinent la formation trop rapide des cellules cornées, il y a cependant souvent des effets secondaires comme des démangeaisons ou des sensations de brûlure qui surviennent à l'utilisation de gels qui en contiennent.
Lorsque le traitement local ne suffit pas, on utilise une luminothérapie en complément (UVB, thérapie laser, balnéo-photo : saumure photo ou bains-PUVA). Bien qu'elle démontre de bons résultats, elle n'est pas sans risque. Le Prof. Hans Meffert, ancien expert en radiothérapie de l'hôpital de la Charité, de Berlin a critiqué que les patients, tout comme les médecins, se montrent souvent trop insouciants en matière de traitement par rayons UV. Il recommande à titre indicatif de ne pas s'exposer plus de 50 fois par an à une charge intensive en UV. Il déconseille vivement les radiothérapies préventives ou «conservatoires». En ce moment, il n'existe aucune étude scientifique de longue durée cherchant à établir si les traitements réguliers par UV ont un effet et lequel.
Si la luminothérapie assez chronophage (et accélérant le vieillissement cutané) ne produit pas le résultat souhaité, on conseille la thérapie systémique. «L'acide fumarique et les chimiothérapeutiques dans un dosage fortement réduit se sont avérés très efficaces. Ces substances inhibent avant tout les parties du système immunitaire du corps qui sont responsables de la réaction inflammatoire en cas de psoriasis. Lorsque toutes les options thérapeutiques ont échoué, on se tourne finalement vers les biologiques», explique le Prof. Navarini.
En fin de compte, la balnéothérapie est un concept «calqué» sur la nature : l'eau salé plus les rayons du soleil - donc ce qui procure l'effet guérissant par exemple lors d'une cure thermale à la mer morte. «La cure de la mer morte est un excellent remède, même quelques mois plus tard», explique le Prof. Bernhard Uehleke, chercheur au service ambulatoire universitaire de médecine naturelle de la médecine universitaire Charité de l'hôpital Immanuel à Berlin.
Des études menées aux USA ont confirmé la dissolution d'enzymes inflammatoires et dommageable pour les tissus des modifications cutanées psoriasiques par l'eau et la saumure de mer. On a prouvé que l'eau de mer inhibe significativement les cytokines interleukine-1D (IL-1-D), IL-6 et le facteur nécrose tumorale D (TNF-D). On attribue cet effet aux sels de strontium et de sélénium.
Les boues originales de la mer morte seraient un moyen idéal pour desquamer et améliorer l'état de la peau, comme l'a démontré une étude par correspondance sur l'efficacité en application externe. L'utilisation d'argile, p.ex. sous forme de cataplasme humide, vaut aussi la peine d'être essayé.
Des substances actives d'origine végétale peuvent également jouer un rôle dans le traitement du psoriasis. «En mars 2017, une vue d'ensemble systématique analysant et évaluant les études à ce sujet a été publiée», rapporte la Dr. Ute Wölfe de la clinique universitaire de Freiburg.
L'acide salicylique (de synthèse aujourd'hui) était extraite de l'écorce du saule blanc (Salix alba) à l'origine. Il s'agit de la substance à usage thérapeutique ayant l'effet desquamant le plus fort.
Le dithranol (également de synthèse aujourd'hui) était issu de la chrysarobine, un élément de l'écorce de l'arbre d'araroba ou de Goa (Andira araroba) qui pousse dans la forêt amazonienne humide. La substance active inhibe la libération des cytokines provoquant des inflammations et la croissance des cellules productrices de corne.
Le mahonia, un arbuste décoratif persistant d'une hauteur maximale de 1,50 mètre issu de l'Amérique du Nord est, selon certaines études, d'une efficacité significative dans le traitement du psoriasis léger à moyen. Les alcaloïdes contenus dans l'écorce des branches et des racines, sous forme de pommade ou de crème, ont un effet de soin de la peau, calmant et antiinflammatoire, de plus, il a été démontré qu'ils inhibent la croissance des tissus et cellules.
Mahonia
Cela peut sembler paradoxal, mais même la capsaïcine, une substance active présente dans le piment de Cayenne (Capsicum frutescens), est utilisée pour traiter le psoriasis léger à moyen. Utilisée sous forme de crème ou de pommade, elle contribue à réduire les squames et à calmer les démangeaisons, ce qui a été confirmé par des études. La capsaïcine ne convient toutefois pas pour traiter une peau blessée ou le visage. Le margousier (Azadirachta indica, image ci-dessus) est considéré comme la «pharmacie du village» la plus importante de l'Inde, qui contient plus de 100 substances actives différentes dans son écorce, ses fleurs, feuilles, fruits et racines. Le composant actif principal de l'écorce et des feuilles est la nimbidine. Dans une étude, des patients atteints de psoriasis sous traitement externe par des préparations à base de goudron et par acide salicylique, ont reçu en plus une capsule contenant l'extrait du margousier à avaler. Au bout de douze semaines, une amélioration nette des symptômes est apparue ; il n'y a pas eu d'effets secondaires.
Lors d'une étude, des scientifiques de l'université taïwanaise Chang Gung ont utilisé avec succès le colorant végétal indigo naturalis. «75 pourcent des participants à l'étude n'avaient plus ou quasiment plus de durcissement cutanés squameux», d'après le médecin Yin-Ku Lin. Il convient toutefois d'étudier avec encore plus de précision l'effet pharmacologique avant une application à grande échelle. La pommade de l'essai avait teinté temporairement les parties cutanées traitées en bleu et elle avait une odeur désagréable.
«En cas de psoriasis affectant les articulations, des phytothérapeutiques comme l'écorce de saule et la griffe du diable sont intéressants également», ainsi l'expérience du Prof. Uehleke.