De toutes les friandises, le chocolat est l'une des plus digestes, avec un effet positif sur la santé. À condition toutefois qu'il contienne le plus de cacao possible, et peu de sucre. Les recherches sur l'effet thérapeutique du chocolat se multiplient. Les premiers indices sont prometteurs...
Le chocolat rend... intelligent ! Plus la consommation par habitant d'un pays est élevée, plus ce pays détient de prix Nobel. Cela ressemble à une plaisanterie, mais ce sont les résultats d'une étude menée par Franz H. Messerli, cardiologue à l'Université Columbia de New York (États-Unis). Bien entendu, cette corrélation n'est pas un facteur explicatif, précise le chercheur dans un article scientifique. Reste qu'on peut se pencher sur le potentiel bénéfique du chocolat.
À l'hôpital St. Clara de Bâle, au centre de gastro-entérologie, une étude pilote réalisée en 2017 a étudié pour la première fois l'effet du chocolat sur le transit gastro-intestinal. Les chercheurs ont exploré une terre inconnue. Pourquoi ? " La plupart des patients préfèrent les produits naturels aux préparations pharmaceutiques ", explique le professeur Mark Fox. Parmi les remèdes de grand-mère, le chocolat noir est par exemple efficace contre la diarrhée. " Lorsque ceux qui souffrent d'un côlon irritable préfèrent se tourner vers les produits naturels, il est essentiel de vérifier scientifiquement si cela a un effet réel. " Les résultats sont encourageants : " Nous pensons pouvoir établir l'action positive du chocolat sur le système digestif ", déclare le professeur Fox.
Il semble en outre que " les personnes qui consomment régulièrement du chocolat noir présentent un risque plus faible de diabète, d'hypertension, de troubles cardiaques et de démence ", poursuit le professeur, au vu des études internationales menées ces dernières années. L'action biologique du cacao sur la santé est indéniable, affirme-t-il pour conclure.
Deux études réalisées dans le cadre du projet européen FLAVIOLA se sont penchées sur les effets des flavanols (absorbés dans des boissons tests contenant une teneur standard en cacao) sur les vaisseaux sanguins des participants. " Nous avons pu constater que la consommation de flavanols est un paramètre important de la santé cardiovasculaire, qu'ils améliorent également chez les personnes saines ", explique le professeur Malte Kelm, directeur scientifique de FLAVIOLA. On a mis en lumière une meilleure vasodilatation (souplesse des vaisseaux), une baisse de la tension artérielle et un meilleur taux de cholestérol. " Cet effet positif se manifeste d'autant plus que l'on prend de l'âge ".
Notre corps est capable de se protéger naturellement contre les inflammations, grâce à des substances comme le cortisol. En présence de certaines maladies (bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO, arthrite...) l'action du cortisol est fortement réduite. Le cacao, par sa forte teneur en épicatéchine, contribue à restaurer l'effet du cortisol. C'est ce qu'a mis en lumière Erik Ruijters, du centre de médecine de l'Université de Maastricht (Pays-Bas).
À part à Bâle où les participants ont consommé du véritable cacao, les autres études se sont basées sur des préparations cliniques spécifiques. Les flanovols purifiés, extraits de la fève de cacao seront-ils bientôt disponibles sous forme de comprimés ? Selon le professeur Mark Fox, ce n'est pas forcément souhaitable : " Dans un aliment, plusieurs substances ont de nombreux effets, il faut les considérer dans leur ensemble. Concernant le cacao, comme pour d'autres aliments, il semblerait que la totalité des composants soit impliquée, ce qui signifie que l'effet positif n'est pas dû à une substance chimique isolée " (c'est aussi ce qu'affirmait Alfred Vogel).
Consommer régulièrement du chocolat plus sain serait une bonne solution. Avec la tendance du cacao cru, est-on sur la bonne voie ? Pour obtenir du cacao cru, les fèves ne sont ni torréfiées ni fondues, la température ne dépasse pas 46 degrés pendant toute la préparation. Ce procédé permet de conserver le fer, le zinc, le magnésium, le cuivre et la vitamine C, comme pour les légumes crus. Le chocolat cru contient cinq fois plus d'antioxydants que les chocolats préparés industriellement, affirment les producteurs.
" Je ne suis pas tout à fait convaincu par les chocolats crus ", confie le professeur Fox. " Le principe n'est pas inintéressant, mais rien n'est encore prouvé scientifiquement. Je pense toutefois que ce type de produit contient une teneur élevée en substances bénéfiques, car le moindre processus de transformation les détériore ou en réduit l'efficacité.
Outre tous ces bienfaits attribués à la consommation de chocolat dans les études actuelles, il ne faut pas oublier les aspects négatifs. Par exemple, le chocolat amer peut contenir trop de cadmium, un métal lourd que la plante de cacao puise dans le sol. En particulier les producteurs d'Amérique du Sud ont des problèmes avec la qualité des sols de leurs plantations. La roche volcanique est responsable de ces valeurs de cadmium élevées. Les spécialistes recommandent de ne pas manger plus de 27 grammes par jour de chocolat amer.
En tant que consommateur, on ne doit pas oublier non plus que la culture du cacao en Afrique emploie souvent de très jeunes gens encore mineurs... Même les labels de commerce ou de production équitable ne garantissent pas que la tablette de chocolat du supermarché n'ait pas eu recours au travail d'enfants.
Les flavonoïdes appartiennent au groupe des substances végétales secondaires. Ils sont responsables de la coloration des plantes, et les protègent des agressions de l'environnement. Les flavonoïdes désignent les antioxydants, capables de neutraliser les radicaux libres (liaisons d'oxygène dans le corps), pour un effet préventif du cancer.
Parmi les flavonoïdes, on trouve la catégorie des flanavols incolores. Ils sont présents notamment dans le cacao, le thé, les fruits et les boissons qui en découlent.
L'épicatéchine fait partie elle aussi de la famille des flavonoïdes. Leur effet est si remarquable que le professeur Norman Hollenberg, de l'Université de Harvard (États-Unis) compare cette découverte à celle de la pénicilline...