Ce n’est pas nouveau: un poids corporel trop élevé et l’obésité ne sont pas anodins, mais constituent une menace sérieuse pour la santé. Toutefois, on oublie souvent que les conséquences sur la santé peuvent être graves.
Auteur: Claudia Rawer
La surcharge pondérale et l’obésité sont aujourd’hui un problème répandu dans le monde entier, particulièrement dans les pays à forte industrialisation. Depuis longtemps déjà, ce problème est considéré comme «maladie endémique»; l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit l’obésité comme maladie (chronique) qui connaît des proportions épidémiques.
L’exemple de la Suisse – qui, comparée à d’autres pays, se positionne encore relativement bien! – montre à quel point la situation s’est aggravée au cours des dernières décennies.
En 1992, la proportion de femmes suisses en surcharge pondérale était encore d’environ 17 pour cent, tandis que 4,7 pour cent supplémentaires étaient obèses. Chez les hommes, le problème était déjà plus marqué il y a 30 ans: plus de 33 pour cent était en surcharge pondérale, un peu plus de six pour cent étaient obèses.
Selon l’Office fédéral suisse de la statistique, la proportion a fortement augmenté pour les deux sexes au cours des 25 années suivantes, c’est-à-dire jusqu’en 2017: chez les femmes, c’était désormais un tiers qui portait un poids trop important, et chez les hommes, c’était même une bonne moitié.
Aujourd’hui, selon l’OMS («Rapport européen sur l’obésité 2022») 46 pour cent des femmes suisses sont déjà en surcharge pondérale, le chiffre concernant les hommes étant d’environ 63 pour cent. La différence entre les sexes est moins marquée si l’on ne considère que l’obésité; environ 17 pour cent des femmes suisses et 22 pour cent des hommes suisses sont considérés comme obèses. Cela signifie que la proportion de femmes obèses, à elle seule, a plus que triplé en l’espace de trois décennies.
Par ailleurs, la proportion d’enfants et d’adolescents en surcharge pondérale n’a pas non plus cessé d’augmenter. Environ 15 pour cent d’entre eux sont en surcharge pondérale / obèses.
Savoir que c’est encore pire ailleurs ne résout pas le problème. En Allemagne, plus de la moitié (53 pour cent) des femmes sont en surcharge pondérale; environ deux tiers (67 pour cent) des hommes allemands sont trop gros. Près d’un quart des adultes allemands sont obèses, ce qui correspond à 23 pour cent des hommes et à 24 pour cent des femmes.
Depuis longtemps déjà, le poids corporel est un sujet sensible. Il est influencé par trop de facteurs qui ne sont pas toujours mesurables ou compréhensibles. Les critères physiques imposés par le monde du cinéma et de la publicité, les normes et l’arrière-plan sociaux, les influences génétiques et les changements de comportement dans la société moderne jouent tous un rôle. Une perception altérée du corps conduit à ce que des jeunes filles extrêmement minces se voient «grosses» dans un miroir. À l’inverse, les personnes obèses ont tendance à sous-estimer leur corpulence. Dans le cadre d’une étude à long terme, la plupart des participants ont estimé que leur poids était d’une bonne vingtaine de kilos inférieur à ce qu’il était en réalité.
De nombreux experts estiment qu’en cas de surcharge pondérale, il convient de s’attendre à une mort précoce. Même le tabagisme n’aurait pas été aussi néfaste pour la santé publique. Selon une étude de 2017, les habitants des États-Unis perdent aujourd’hui bien plus d’années de vie en raison de leur surcharge pondérale qu’en raison du tabagisme des années passées. Mais, en Europe aussi, les indices selon lesquels l’obésité pourrait à l’avenir remplacer le tabagisme en tant que facteur de risque de cancer principal s’accumulent.
Vouloir étudier ici les rapports culturels et sociaux de la surcharge pondérale nous mènerait trop loin. Les chercheuses et chercheurs qui travaillent dans ce domaine ignorent encore beaucoup de choses. Mais un point devrait être clair: la surcharge pondérale n’est pas bonne pour nous. Les causes et les facteurs de risque sont multiples.
Une vis de réglage importante réside dans la plus tendre enfance: la gestion des émotions. Des expériences et des sentiments négatifs peuvent déstabiliser les enfants. La compensation par la nourriture joue un rôle clé pour le développement. Les enfants n’apprennent pas à gérer leurs sentiments – ils avalent les émotions avec le chocolat. L’exemple de cette «solution» est souvent déjà mis en pratique par les parents.
Des maladies telles que l’hypothyroïdie, les troubles alimentaires et la dépression peuvent favoriser une prise de poids. Le manque de sommeil, le stress et l’environnement social jouent un rôle. Quelques médicaments (par exemple certains antidépresseurs, quelques contraceptifs ou bêtabloquants) peuvent aussi contribuer à une prise de poids involontaire.
Toutefois, c’est le style de vie qui, en plus d’une prédisposition familiale, joue le rôle principal. Dès l’enfance, une alimentation inadaptée ou malsaine, la disponibilité constante de nourriture et le manque d’activité physique sont autant de causes de l’apparition des bourrelets. Souvent, c’est le début d’un cercle vicieux. Le poids trop élevé est à l’origine de l’essoufflement et d’une réduction des performances. Le manque d’activité physique favorise encore la prise de poids. Des troubles psychiques peuvent se manifester. Les régimes n’aident pas à juguler le problème, bien au contraire. Il s’aggrave d’année en année jusqu’à ce qu’un adolescent en surpoids soit devenu un adulte obèse.
Les conséquences sur la santé et les restrictions se développent insidieusement au fil des années. Une fois qu’elles sont manifestes, il est généralement difficile ou même impossible de les inverser ou même de les atténuer. La surcharge pondérale / l’obésité est un facteur de risque considérable pour les maladies secondaires suivantes:
La surcharge pondérale et l’obésité sont aussi des facteurs de risque principaux pour les handicaps physiques.
Le tissu adipeux accumulé dans l’organisme n’est pas une masse dormante. Il est actif sur le plan hormonal et modifie le métabolisme. La sécrétion croissante d’insuline et du facteur de croissance-I (IGF-I) similaire à l’insuline déclenche des processus chroniques d’inflammation qui favorisent les cancers.
Le rapport de ces types de tumeurs avec la surcharge pondérale et l’obésité est confirmé avec certitude:
Jusqu’à présent, de nombreux chercheurs sont partis du principe qu’un excès de graisse corporelle ne favorise le développement de cancers qu’à l’âge adulte. Toutefois, une étude suédoise réalisée en 2022 a révélé que l’influence néfaste d’un poids excédentaire pourrait débuter dès l’enfance.
On a examiné plus de 36 000 hommes suédois dont le poids et la taille étaient connus grâce aux examens scolaires réalisés à l’âge de huit ans. Le deuxième examen a été effectué approximativement à l’âge de 20 ans, lors de la sélection pour l’armée.
Pour les enfants qui étaient trop gros pendant les années de primaire, le risque de contracter un cancer était supérieur de 51 pour cent. Plus de 600 d’entre eux sont décédés prématurément. Même les jeunes hommes dont les problèmes de poids s’étaient réglés jusqu’à la sélection pour l’armée avaient un risque accru de développer un cancer.
Les auteurs de l’étude présument que l’enfance est une phase de développement particulièrement sensible pour le développement de cancers.
L’un des grands points forts de la médecine complémentaire est le suivant: elle a toujours intégré l’importance de l’alimentation saine pour le bien-être physique et psychique dans ses conceptions du style de vie et dans ses méthodes de traitement. Alfred Vogel, le pionnier de la naturopathie, savait déjà pourquoi il est resté mince tout au cours de sa vie. Pour lui, l’alimentation formait, parallèlement à la phytothérapie, la base d’une longue vie en bonne santé. Mais il ne mourait pas de faim: la santé et le plaisir étaient indissociables pour lui. Ces principes ont porté leurs fruits: à un âge avancé, Vogel était encore tellement en forme que, lorsqu’il faisait de la randonnée ou du jardinage, ses performances étaient meilleures que celles d’hommes plus jeunes que lui de plusieurs décennies.
Pour endiguer la maladie endémique qu’est l’obésité, la méthode la plus sûre consiste à maintenir un poids corporel normal pendant toute la vie. On peut y arriver si
Une information qui nous a été donnée en 2023: l’effet du jeûne par intervalles dont on chante souvent les louanges et qui prescrit que l’on s’abstienne de manger à certaines périodes de la journée est vraisemblablement aussi limité. À la longue, il peut être plus favorable pour le poids corporel de remplacer de gros repas par des petits. Le corps s’y habitue.
Bien entendu, il est également nécessaire de faire de l’exercice. En tant que parents, veillez particulièrement à ce que vos enfants et adolescents bougent suffisamment – et, en tant que seniors, que vous continuiez aussi à le faire.
Le principe le plus important: l’obésité est une maladie, et même une maladie grave. Cherchez de l’aide, faites-vous soigner.
En Suisse, en Allemagne et en Autriche, il existe des organisations et centres spécialisés dans l’obésité qui proposent des aides variées.
De plus, des groupes d’entraide offrent un soutien important, par exemple «Selbsthilfe Schweiz» («Infoentraidesuisse») de Bâle, adresse e-mail: info@selbsthilfeschweiz.ch.
Pour évaluer la surcharge pondérale, on utilise principalement l’indice de masse corporelle (IMC). Pour ce faire, le poids corporel est mis en relation avec la taille; on obtient une valeur exprimée en kilogrammes par mètre carré. L’IMC peut ainsi servir à évaluer la proportion de graisse corporelle. Étant donné que le poids de personnes très musclées qui ne sont absolument pas grosses peut aussi être élevé, on peut, en outre, se baser par exemple sur le tour de taille.
On est en surcharge pondérale à partir d’un IMC de 25 kg/m². La surcharge pondérale est l’étape qui précède l’obésité et est déjà considérée comme risque pour le développement de maladies cardiovasculaires, de maladies métaboliques ainsi que de troubles articulaires et de la colonne vertébrale.
L’obésité – à partir d’un IMC de 30 – est définie comme augmentation excessive du tissu adipeux et est accompagnée d’un risque encore plus élevé de maladie et de mortalité.
Dernière modification : 26-12-2023