Un tiers des Européens prétend ne pas tolérer des aliments comme le lait, les fruits ou le pain. Mais une visite chez le médecin se révèle souvent décevante, car seuls 2 % de ces patients sont diagnostiqués comme présentant une « intolérance alimentaire ». Les célébrités, et malheureusement certains scientifiques peu sérieux, ont rendu la protéine végétale du gluten coupable de maladies comme l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle, les migraines et bien entendu également le cancer.
Bien que le pourcentage de personnes présentant une intolérance au gluten ne devrait pas dépasser 10 %, les adversaires du gluten avancent des taux de 30 à 50 %. Ainsi, près d’un tiers des Américains veut renoncer au gluten, ou en limiter la consommation.
Il n’est donc pas étonnant que les aliments sans gluten soient devenus l’un des segments les plus prospères sur le marché de l'agroalimentaire, dans le monde entier.
Auteur : Tino Richter, 04.14
À ce jour, trois types d'intolérance au gluten sont connus :
1. la maladie cœliaque,
2. l'allergie au blé,
3. et la sensibilité au gluten, controversée.
Après l’intolérance au lactose, au fructose et à l’histamine, la maladie cœliaque, auto-immune, représente l’une des intolérances alimentaires les plus fréquentes, qui touche entre 0,2 % et 1 % de la population, dont 70 % de femmes.
La maladie cœliaque est un trouble de la digestion chronique congénital, qui provoque une inflammation de la muqueuse de l'intestin grêle. Chez les personnes souffrant de cette maladie, lorsque les substances contenues dans le gluten arrivent dans l’intestin grêle, le système immunitaire réagit par des anticorps, qui attaquent les villosités intestinales et peuvent même les détruire dans les cas les plus sévères.
Tandis que l’allergie au blé, qui concerne environ 0,1 % de la population, provient exclusivement du blé, la sensibilité au gluten représente un véritable défi. Car ce trouble décrit une réaction symptomatique au gluten, mais il est très différent de la maladie cœliaque. Ainsi, la dénomination médicale correcte évoque une « sensibilité au gluten non cœliaque ».
La frontière entre ce trouble et la maladie cœliaque est essentielle à déterminer pour prévoir le bon traitement ; en effet, en cas de sensibilité au gluten, le fait de renoncer sporadiquement aux pâtes, aux pizzas et à la bière permet déjà d'améliorer les symptômes. Les causes sont encore mal connues.
Les symptômes de la sensibilité au gluten sont les ballonnements, la diarrhée, la fatigue, des troubles de la concentration. Les groupes de pression estiment que 5 à 7 % de la population souffrent de sensibilité au gluten.
Le hic, c'est que la sensibilité au gluten, en raison de sa ressemblance avec les symptômes d’autres types d’intolérance comme par ex. au lactose ou au fructose, ne peut être mise en évidence qu'au terme d'un long procédé d'exclusions.
Renoncer au gluten n’apporte rien aux personnes en bonne santé Les personnes en bonne santé qui renoncent d'elles-mêmes au gluten sans motif concret, rendraient très difficile l'établissement d'un diagnostic ultérieur, explique Harald Vogelsang, Directeur des soins ambulatoires pour la maladie cœliaque à Vienne (Autriche). Avec un régime sans gluten, on ne se nourrit pas mieux, et cela n’améliore ni les troubles cardiovasculaires, ni le diabète, et ne fait pas maigrir non plus.
Pour les personnes souffrant d’allergies alimentaires, la variété des produits sans gluten est une bénédiction. Malheureusement, cela donne l’idée à des gens en parfaite santé que renoncer au gluten serait encore meilleur. « L’eau minérale sans gluten » (!) venant d’Espagne est certes un exemple grotesque, mais cela montre bien que le consommateur critique est plus que jamais sollicité.
Le gluten est présent uniquement dans les céréales, il ne peut se nicher ni dans l’eau minérale, ni dans le poisson ou les framboises. En outre, les produits sans gluten sont nettement plus chers que la normale.