Le recours aux antibiotiques pour soigner les maux de gorge est non seulement inutile, mais également dangereux. Les inflammations de la gorge sont rarement déclenchées par les bactéries. Un traitement aux antibiotiques peut affaiblir la flore buccale et favoriser la résistance aux antibiotiques.
La gorge pique, la déglutition est douloureuse, on a du mal à parler. Les maux de gorge sont présents en toute saison. Ce sont souvent les premiers symptômes d’un refroidissement.
Auteur : Verena Thurner, 07.16
On a vite fait de recourir à des comprimés à sucer, à un spray ou à des pastilles pour apaiser ces symptômes. En Suisse, les remèdes contre les maux de gorge se vendent chaque année pour plusieurs millions de francs. Peu de patients savent que la plupart des médicaments vendus sans ordonnance contiennent, outre des substances apaisantes et désinfectantes, également des antibiotiques, comme la tyrothricine dans les pastilles à sucer.
Un ajout parfaitement superflu, car les maux de gorge sont provoqués à 80 % par des virus. Or les antibiotiques agissent exclusivement contre les facteurs bactériens. Les antibiotiques inutilement absorbés peuvent entraîner des effets indésirables comme la diarrhée ou des éruptions cutanées.
À cela s’ajoute que l’utilisation massive des antibiotiques rend les bactéries résistantes. Cela veut dire qu’elles deviennent résistantes à l’utilisation des antibiotiques. Cela peut avoir des conséquences fatales, lorsqu’un patient atteint d’une maladie grave ne peut guérir que grâce aux antibiotiques.
Selon l’OMS, 25 000 personnes meurent chaque année des suites d’infections dues à des bactéries résistantes. Les spécialistes alertent : de plus en plus de bactéries résistent aux médicaments usuels. L’antibiotique contenu dans les pastilles à sucer pourrait même détruire la flore buccale, alors qu’une flore équilibrée serait une bonne protection contre les infections.
Une étude de l’Université de Saint Louis (Washington University School of Medicine) révèle que l’utilisation d’antibiotiques au cours des premières années de vie rend les bactéries intestinales des enfants résistantes à 14 antibiotiques sur 18. Les chercheurs ont également trouvé des résistances contre des antibiotiques que les enfants n’avaient jamais absorbés. Plus les antibiotiques sont prescrits, plus les bactéries développent des résistances.
Le groupe NEXT [nouvelle stratégie d’experts pour la thérapie des maux de gorge] a déclaré la lutte contre le recours aux antibiotiques en cas de maux de gorge. Ce groupe a mis au point une méthode qui permet aux pharmaciens et aux médecins de diagnostiquer rapidement s’il s’agit d’une infection virale ou bactérienne.
À l’aide d’un algorithme, les pharmaciens évaluent les symptômes, examinent la gorge du patient dans les cas complexes ou l’envoient consulter un médecin. Cette évaluation est décisive pour diagnostiquer si l’infection est virale ou bactérienne.
Une enquête menée l’année dernière par ce groupe d’experts a montré que la plupart des personnes interrogées ne connaissaient pas la différence entre infections virales et infections bactériennes, et pensaient que les antibiotiques agissaient aussi contre les infections virales.
Echinacée pourpre – Echinacea purpurea
Les maux de gorge sont désagréables mais rarement graves. Les produits chimiques que sont les antibiotiques sont souvent inutiles et contre-productifs. En l’absence de forte fièvre, de ganglions enflés ou d’amygdales infectées, les maux de gorge peuvent se soigner efficacement par des remèdes naturels. Selon les dernières avancées scientifiques, le rudbeckia pourpre (Echinacea purpurea) a une forte action antivirale et antibactérienne à la fois.
Il est idéal en traitement doux des maux de gorge. Les Indiens d’Amérique du Nord connaissaient déjà le pouvoir de cette plante. Ils l’utilisaient en jus ou en bouillie d’herbes pilées contre les brûlures, les gingivites, les maux de gorge ou de dents, contre la toux, les oreillons, la rougeole, la gonorrhée. La plante pluriannuelle mesure de 60 à 150 centimètres, elle pousse dans les plaines et jusqu’à 1500 mètres d’altitude.
De nos jours, on utilise essentiellement l’extrait alcoolisé des parties supérieures fraîches fleurissantes ou sur le point de fleurir de l’échinacée, ainsi que la teinture mère faite à partir des racines fraîches âgées de trois ans. En phytothérapie, l’échinacée est également très appréciée pour soigner les infections grippales et l’herpès. Elle est fréquemment utilisée pour renforcer le système immunitaire.
Une autre plante a fait ses preuves en tant que remède naturel contre les maux de gorge, il s’agit de la sauge (salvia en latin, qui signifie sauver). Cette plante miraculeuse de 80 cm de haut était déjà utilisée dans l’Égypte ancienne contre les maux de ventre, les maux de dents, l’asthme et les démangeaisons. Les huiles essentielles des feuilles de sauge empêchent le développement des bactéries, des virus et des champignons. La salvine, substance contenue dans la sauge, aurait un effet antibiotique. Le grand pouvoir de la sauge est d’apaiser la douleur.
Outre les traitements de phytothérapie contre les maux de gorge, l’humidification des muqueuses et la stimulation de la salive joue un rôle important pour une guérison rapide. La production de salive peut être stimulée avec des bonbons ou des pastilles pour les bronches, idéalement sans sucre, ou en suçant un glaçon. Les personnes concernées doivent également boire abondamment, par exemple des infusions de camomille ou de sauge.