Filtre à poison, dépôt de déchets, fournisseur de bile, réserve de vitamines, producteur d’hormones, stock d’énergie, organe de contrôle – le foie régule la santé de maintes manières. Apprenez à mieux connaître votre foie et veillez à ce qu’il reste en forme.
Auteure : Ingrid Zehnder
Pesant en moyenne 1,5 kilo et irrigué d’un litre et demi de sang par minute, le foie est l’organe le plus gros et le plus lourd du corps humain. Il se trouve en grande partie à droite en haut du ventre, sous le diaphragme, auquel il adhère partiellement.
On parle de lobe gauche et de lobe droit, le droit étant nettement plus gros. Un foie en bonne santé a une surface lisse et un aspect rouge-brun en raison de la forte irrigation sanguine. Il est constitué de milliards de cellules, de vaisseaux sanguins et de tissus conjonctifs. L’artère hépatique amène le sang riche en oxygène de l’aorte vers le foie pour l’alimenter. Le sang (à traiter) provient de la veine porte, après avoir irrigué l’appareil digestif et la rate. Le sang est détourné vers la veine hépatique, qui rejoint la veine cave conduisant directement au cœur.
L’organe le plus lourd a de nombreuses tâches vitales à accomplir : il influence la digestion, le métabolisme, la circulation du sang et la teneur en hormones. Le foie est un élément crucial du système digestif. Dans l’estomac et dans l’intestin grêle, les aliments ingérés sont disloqués en composants utilisables et absorbés par le sang. Le sang s’achemine ensuite dans la veine porte, depuis les organes digestifs vers le foie. L’organe transforme les protéines, les glucides et les lipides que le corps peut ensuite seulement réutiliser. L’excédent de glucides donne naissance au glycogène et à la graisse.
Le foie place ces composants en réserve pour les moments de déficit en énergie. En outre, il stocke les vitamines, le fer et les oligo-éléments. Le liquide biliaire produit par le foie parvient à l’intestin par les voies biliaires. Ainsi, les déchets et les toxines sont détournés vers l’intestin d’une part ; d’autre part l’assimilation des matières grasses est facilitée. De par sa fonction d'assainissement du corps, le foie est chargé avec les reins de sa désintoxication. Il trie et élimine du mieux possible les éléments toxiques issus de l’alimentation, de l’environnement, des médicaments ou des produits de tentation comme l’alcool et les cigarettes. Il neutralise l’ammoniaque nocive du corps qui survient lors de la décomposition des protéines. Le long des vaisseaux hépatiques se trouvent des cellules très spécialisées (cellules de Kupffer, du nom du chercheur qui les a découvertes) qui libèrent le sang de tous les éléments étrangers, par exemple des bactéries. Ces cellules éliminent en outre les globules rouges trop vieux ou abîmés et les envoient pour transformation dans les cellules hépatiques. La détection et le blocage des cellules tumorales font également partie des missions du foie. Par conséquent, il est un organe essentiel au système immunitaire.
Le foie décompose l’hémoglobine et produit de l’albumine, une protéine vitale qui maintient le flux sanguin dans les vaisseaux et transporte des substances dans le sang comme les acides gras, les vitamines et les médicaments (par ex. la pénicilline). L’albumine capte aussi de nombreuses toxines insolubles. Les cellules hépatiques fabriquent les éléments coagulants du sang et produisent une protéine spéciale (la CRP), qui joue un rôle essentiel dans la lutte contre les infections. Le foie produit en outre des hormones ; il les fabrique ou les décompose.
Le foie nettoie et filtre le sang, semblable à un filtre à café pour la préparation du café.
Si le foie ne fonctionne plus ou s'il est largement gêné dans son travail, le corps subit une chute de glycémie, conduisant à une détérioration des cellules du cerveau. Une mauvaise production de protéines peut entraîner des troubles dans la fabrication des enzymes et des hormones.
En raison du déficit en éléments coagulants dans le sang, des saignements pourraient survenir à la moindre occasion. Les toxines métaboliques non détruites pourraient conduire à une détérioration rapide de l’ensemble des cellules.
Le manque de « pré-digestion » en bouche, en raison de repas trop rapides. En effet, bien mâcher les aliments facilite le travail du foie.
Les maladies graves du foie sont les suivantes : tumeurs, maladies du système immunitaire et du métabolisme, infections virales (hépatites B et C), maladies toxiques par empoisonnement du aux champignons, substances nocives environnementales, médicaments, inflammations du foie dues ou non à l'alcool. Ces dernières concernent essentiellement des personnes en surpoids et des diabétiques (type 2) et sont de plus en plus souvent constatées. Même si les causes et l'évolution de ces maladies peuvent être très différentes, les conséquences à long terme sont similaires. Elles débouchent sur une destruction des cellules hépatiques ; le foie atteint présente des lésions et rétrécit. En médecine, on parle de « cirrhose ». Les conséquences d’une cirrhose peuvent être lourdes : ascite (rétention d'eau dans le ventre), diminution des facultés mentales, saignements provenant de varices dans l'estomac ou l'œsophage, dans les cas les plus graves cancer du foie. Une thérapie adaptée lancée à temps évite bien souvent cette évolution chronique.
L’hépatite A – appelée aussi hépatite des voyages car elle est souvent causée dans les pays en développement par les mauvaises conditions d'hygiène, par l’eau non assainie, par les aliments ou par les personnes – ne devient pas chronique et conduit à une immunité à vie. Les hépatites A ou B peuvent être évitées grâce aux vaccins, mais pas l'hépatite C.
La jaunisse n’est pas une maladie mais le symptôme d’un trouble fonctionnel ou d’une détérioration du foie. Les calculs biliaires, les inflammations des voies biliaires ou encore les tumeurs peuvent entraîner une jaunisse. La cause de la coloration jaune de la peau, des muqueuses et de la conjonctive, est un blocage de la bilirubine jaune, un pigment issu normalement en très faible quantité lors de la décomposition des globules rouges dans le foie, éliminé par les reins et l'urine, mais évacué essentiellement avec le liquide biliaire par les intestins, dans les selles.
Les maladies du foie sont sournoises car le foie ne provoque aucune douleur et ne révèle aucun signe avant-coureur précis.
Les troubles possibles au stade précoce comme la fatigue, des difficultés de concentration, un dégoût de certains plats (comme la viande), une sensation de pression sur le côté droit au niveau du ventre, des bleus fréquents difficiles à faire partir, ne sont pas forcément révélateurs. Si la maladie évolue, les symptômes se manifestent en revanche plus sévèrement : démangeaisons dans tout le corps, coloration jaune de la peau ou des yeux, selles claires et urine sombre, nausées et vomissements, ballonnements.