Anxieux, tendu, pas sûr de lui, déconcentré ? Lorsquun enfant montre un tel comportement pendant une longue période, une thérapie de psychomotricité peut lui venir en aide. Elle sarticule autour de linteraction et son importance pour le développement de lêtre entre la réflexion, la sensation et le mouvement.
La porte souvre brusquement et un petit ange apparaît : grands yeux rayonnants, boucles châtain clair, sourire enjôleur. Lange sappelle Nina, a neuf ans et commence dans quelques minutes une séance thérapeutique de psychomotricité. On peut lire sur son visage que cette écolière se réjouit déjà lorsquelle dit bonjour à Barbara Müller. Âgée de 42 ans, cette dernière travaille en tant que psychomotricienne à lécole Kappelenfeld de Hinterkappelen, dans le canton de Berne.
Autrice : Petra Horat Gutmann
Il y a quelques mois encore, de telles épreuves auraient été demblée impossibles. « La fillette est venue consulter car elle était peureuse et rêveuse », explique Barbara Müller. « Le but est daméliorer les capacités motrices de Nina et de consolider la confiance en soi et également laptitude à répondre rapidement et sûrement à des situations imprévues. »
Les exercices de toucher et de prise de conscience font partie de la psychomotricité ; en effet « mieux un enfant sent son corps, plus il a confiance en lui », explique Barbara Müller. Elle sinstalle tranquillement avec la fillette à une table devant une boîte remplie de grains de maïs. Les yeux fermés, Nina commence à palper les grains de maïs. Après quelques secondes, ses doigts ont attrapé un petit rouleau de massage couvert de piquants. « Le petit hérisson ! » sécrie Nina rayonnante en brandissant le rouleau.
La recherche se poursuit. Nina trouve ensuite dans l'océan de maïs un uf en marbre lisse et froid suivi dune balle en tissu souple, quelle baptise aussitôt « Pfludi ».
Puis la fillette sallonge à plat ventre sur le sol et les objets découverts se déplacent l'un après l'autre conduits par la thérapeute sur le dos de Nina. « Avec cet exercice, il sagit de sentir tout son corps », explique Barbara Müller. « Il favorise la détente et le relâchement de Nina. »
La séance de 45 minutes est presque terminée, mais Nina veut absolument monter encore une fois sur le hamac. Elle senroule étroitement dans la toile de coton rêche, seule sa tête dépasse. Puis elle tourne sur elle-même dans un haut-le-corps, le visage tourné vers le sol ; une solide maîtrise corporelle est indispensable pour ne pas tomber sur le sol comme un sac de pommes de terre. Nina rayonne : «Voici le papillon ! » Une description pertinente également pour la fillette, qui quelques minutes plus tard se dirige joyeusement vers la piscine en tenant la main de sa mère.
La psychomotricité a été mise au point par le professeur de sport allemand Ernst Kiphard. La psychomotricité, telle quelle est aujourdhui pratiquée en Suisse, est apparue dans les années cinquante, dans le service Psychiatrie de l'enfance de Genève. Elle s intéresse aux interactions entre le corps et lesprit, et plus précisément entre le psychisme et le mouvement corporel (la motricité). Cette méthode convient parfaitement aux enfants présentant un trouble moteur visible, notamment aux enfants agités, inhibés ou maladroits.
« En séance de psychomotricité, les enfants trouvent un lieu où ils peuvent appréhender leur corps en se concentrant et en samusant », poursuit Barbara Müller. Laspect ludique de la thérapie explique pourquoi les enfants y adhèrent particulièrement jusquà 10 ans.
Les enfants qui se rendent chez Barbara Müller présentent des troubles variés, parmi lesquels le TDAH et les dysgraphies (troubles en dessin ou en écriture). « Depuis quelques temps, on voit de plus en plus d'enfants souffrant du syndrome d'Asperger », rapporte la thérapeute bernoise. Ces enfants à tendance autiste semblent aidés par la pratique de nouvelles situations et lexpérimentation d'interactions sociales dans un cadre protégé. Selon Barbara Müller, il y a trop dagitation dans des classes chargées, tandis quen séance de psychomotricité les enfants sont dabord seuls, puis après un certain temps, ils pourront rejoindre un petit groupe.
Pour traiter un trouble ciblé, il faut pratique une séance par semaine pendant dix-huit mois en moyenne. Certains troubles peuvent cependant saméliorer bien plus rapidement, ainsi que le montre l'exemple de Nina. Cest évidemment une grande satisfaction, comme sa mère le confirme : « Nina avait du mal à se concentrer, elle était plutôt gauche. Grâce à la thérapie, elle est plus détendue et a pris confiance en elle. Ses difficultés de concentration se sont estompées. »