Il existe deux scénarios totalement différents concernant la ménopause. Dans le premier, le rôle principal est tenu par une quadragénaire lunatique, irritable, qui souvent se répand en lamentations sans raison, parce que ses hormones sont chaotiques. À l'opposé, voici une femme pleine d'entrain, dans les cinquante ans, qui a (enfin !) du temps pour elle, pour réaliser tous ses projets et s'adonner à ses passions qu'elle avait jusqu'alors négligées.
N'y a-t-il pas, dans ces deux scénarios, une «taille en dessous ?». De lire que la ménopause n'est pas un problème, et ouvre, avec un peu de bonne volonté, de nouvelles perspectives fantastiques, me rend aussi inquiète et irritée que l'image terrifiante de la ménopause comme étant le début de la fin, comme le premier pas d'une longue évolution qui me transformera en vieille femme courbée, ridée, portant des couches.
Les temps n'étaient pas plus faciles avant, mais les moments de détente étaient clairement liés à l'arrivée de la ménopause. Les femmes étaient contentes d'être débarrassées des menstruations et des désagréments qui s'ensuivaient, elles n'avaient plus à craindre de grossesse indésirable, ou abandonnaient définitivement une sexualité déjà enterrée, n'avaient plus d'enfants à élever et s'affranchissaient de la contrainte de vouloir ressembler aux canons actuels de la beauté.
De nos jours, les femmes doivent souvent s'occuper des enfants encore jeunes, elles doivent non seulement cultiver leur attrait féminin, repartir vers de nouveaux horizons avec fougue et entrain, mais aussi supporter les douleurs de la ménopause la joie au coeur. S'il n'en tient qu'à Julia Onken, la « femme du signe du feu », la femme doit « laisser son corps se consumer comme au soleil, sentir la flamme (les bouffées de chaleur) dans toute son ampleur », et même Margret Minker, journaliste spécialisée dans le domaine médical, éprouve « souvent du plaisir à sentir sa chaleur interne », car elle est très frileuse.
Germaine Greer, féministe américaine, a écrit au sujet de la ménopause: « C'est une période extrêmement délicate, au cours de laquelle une femme, après 35 ans de capitulation et de mascarade, renaît en étant elle-même ». G. Greer, qui approche la soixantaine, a certainement de l'expérience, mais je ne comprends pas comment ça peut être vrai, car à cinquante ans, je ne voudrais pas me retrouver comme à l'âge de la puberté (d'autant que cette période n'était pas non plus si simple).
D'autres auteures espèrent encourager les femmes concernées avec des phrases catégoriques du type «N'ayez pas peur de la cinquantaine» ou « La ménopause, et alors? » ou encore «Trouver l'amour à 50 an s». Je n'ai pas trouvé de nouvel amour à 50 ans, je suis toujours sur la même chaise de bureau, ma peinture sur soie dessèche toujours dans la cave, ni les exercices de mémoire ni les cours d'informatique ne m'attirent. Ai-je raté quelque chose, ai-je gaspillé bêtement ma ménopause? Est-ce à cause de mon étroitesse d'esprit que je trouve stupide et loin de nous consoler des affirmations comme « la femme reste femme, même lorsque la production d'oestrogènes tarit peu à peu dans les ovaires » ? (extrait d'une brochure d'un fabricant pharmaceutique sur la ménopause).
La ménopause est une période difficile. Difficile au sens de dangereux, menaçant ? Pas vraiment. Plutôt au sens de bilan à tirer, d'auto-évaluations à effectuer, de nouvelles perspectives à explorer. Pour cela il faut du temps et il faut avoir le courage de se laisser du temps. Éloignez-vous de toute pression extérieure : la sérénité donne la force intérieure, vous en aurez besoin.
De même que le THS, qui élimine tous les désagréments dès leur moindre apparition, peut attendre, de même les propositions faites allègrement pour changer d'activités, de tapisserie ou de partenaire peuvent rester sur la liste d'attente. Laissons au corps et à l'esprit le temps de surmonter cette crise - la crise de la maturité. Il ne faut pas imaginer que tout se déroule rapidement, facilement, de façon inaperçue. Les femmes à cet âge critique ne doivent pas demblée réprimer leurs émotions, leurs doutes et leurs peurs.
On n'est pas loin de le soupçonner lorsqu'on lit la liste exhaustive des troubles auxquels sont exposées les femmes pendant et après la ménopause (heureusement, nous sommes toutes mieux informées).
Reste que la liste des désagréments est impressionnante. Cette énumération abondante commence avec les troubles neurovégétatifs, c'est-à-dire ceux qui dépendent du système nerveux : suées excessives, bouffées de chaleur, insomnie, manque de sensibilité dans les bras et dans les jambes, vertiges, faiblesse, douleurs musculaires et articulaires, engourdissement et fourmillements dans les membres, maux de tête, palpitations. La liste se poursuit : problèmes de la vessie et du vagin, à savoir inflammations des voies urinaires et de la vessie, fuite incontrôlée d'urine en cas de rire, d'éternuement, de toux, ou en soulevant des charges (incontinence à l'effort), vessie irritée, démangeaison, sécheresse des muqueuses et inflammations vaginales. Viennent ensuite : sécheresse des conjonctives dans les yeux, favorisant des douleurs essentiellement - mais pas seulement - en cas de port de lentilles de contact. Les symptômes incluent également des modifications de la peau et des cheveux : la peau est plus fine, plus sèche, comporte de plus en plus de rides. Sur certaines lèvres supérieures des poils apparaissent, tandis que les cheveux deviennent de plus en plus fins. Les troubles les plus visibles, notamment pour l'entourage, sont les troubles psychiques: irritabilité, nervosité, fatigue, manque d'entrain, dépression. Citons encore le risque accru d'un infarctus du myocarde et la perspective d'une dégénérescence osseuse.
Si une femme subissait tous ces désagréments à la fois, il s'agirait d'une souffrance intense. Dans les faits, nombreuses sont celles qui ont peu de problèmes voire aucun, certaines surmontent le cap malgré quelques désagréments, et seulement une partie des femmes éprouve des symptômes si marqués qu'un traitement est inévitable. L'absorption d'hormones si souvent recommandée n'est pas une fontaine de jouvence effaçant tous les problèmes, comme on le promet fréquemment, et chaque femme doit soupeser les risques, les avantages et les inconvénients avant de prendre sa décision. Dans tous les cas, il faut bien garder à l'esprit qu'il ne s'agit pas d'un manque d'hormones, mais d'un processus de diminution naturel et tout à fait normal.
Même sans hormones de synthèse, on ne doit pas nécessairement supporter tous ces troubles.
Il est heureusement possible de recourir à des alternatives douces. L'agitation intérieure s'apaise avec des préparations à base de houblon, de valériane, de kawa ou de mélisse. Le millepertuis (Hypericum perforatum) possède des propriétés antidépressives et remonte le moral.
Pour les troubles végétatifs comme les bouffées de chaleur et les sensations d'élévation de la température, la sauge et la vitamine E naturelle (par ex. huile de germe de blé) peuvent aider. La sauge est anti-transpirante, elle peut également avoir des effets positifs sur les troubles psychiques. L'aubépine (Crataegus) soulage les palpitations, les sentiments d'oppression et l'arythmie cardiaque. Les substances contenues dans le soja sont considérées comme des phyto-oestrogènes, elles peuvent avoir une action favorable sur les variations hormonales.
Avant la ménopause, bon nombre de situations sont apparues qui ont déjà dégradé le bien-être mental, émotionnel et physique. Vous avez toujours su relever le défi. Ne vous mettez pas de pression à cet âge délicat, n'espérez pas refaire un départ fulgurant à la façon des féministes, n'attendez pas la «pleine réalisation» (étiez-vous jusqu'à présent une demi-portion ?) Rejetez le rôle de «vieille» lunatique, trouvez de nouvelles voies pour vous-même, sans croire que tout doit changer. Si la ménopause peut être une phase difficile, elle n'est pas un flot continu de soucis, il n'y a aucune raison de tout bouleverser.
Parlez de vos difficultés et de votre ressenti avec des gens en qui vous avez confiance. Parlez avec votre partenaire de vos sentiments, dites à vos enfants comment vous vous sentez, échangez avec des amies du même âge. Vous verrez que tout ira mieux. Votre homme vit peut-être une sorte de ménopause/crise de la quarantaine, vos enfants connaissent sans motif apparent des phases de désespoir et d'agressivité liées à la puberté,et votre amie a peut-être des activités régulières à vous proposer, pour se stimuler, se distraire, s'entraîner ou se délasser.