Si on a un jour du diabète, est-ce pour toujours ? Ce n’est plus vrai de nos jours, du moins pour le diabète de type 2. Aucune maladie chronique n’est aussi facile à repousser, estiment les spécialistes.
Petra Horat Gutmann, 1.18
Le diagnostic est toujours un choc. « Alors que je me suis retrouvé un jour à l’hôpital en urgence, les médecins m’ont annoncé que je souffrais d’un diabète de type 2 et qu’il me fallait chaque jour une piqûre d’insuline », se souvient Walter Lüscher, originaire de Meisterschwanden. La prochaine douche froide ne tarde pas : l’homme de 53 ans n’a plus le droit de conduire, en raison du risque d’hypoglycémie.
Walter est bien entendu consterné. « Si je ne peux pas conduire pendant trois mois, c’est la faillite ! » se plaint-il auprès de l’infirmier en service. Ce dernier lui conseille alors : « Bougez le plus possible, cela vous aidera ! » Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd : Walter s’est aussitôt mis à monter et descendre en courant les sept étages de l’hôpital. À sa sortie, il a divisé par deux les quantités de ses repas, et a parcouru chaque jour environ 10 km en pleine nature. Ce remède de cheval s’est révélé bénéfique : un mois plus tard, Walter n’est plus soumis aux injections d’insuline et a de nouveau le droit de conduire.
Le cas de Walter n’est pas unique. Des milliers de diabétiques du type 2 ont réussi à faire baisser durablement leur taux de glycémie à des valeurs acceptables. Les spécialistes le savent. Le diabétologue Dr. Matthias Riedl, directeur de medicum Hamburg, un centre médical interdisciplinaire pour le diabète, le surpoids et les maladies liées à l’alimentation, est l’un d’entre eux. Concernant les chances de guérison du diabète, Matthias Riedl affirme : « Si le diabète est détecté précocement, les chances de guérison sont grandes. Même si la maladie est détectée relativement tardivement, il est toujours possible de se passer d’insuline et de réduire considérablement les comprimés. Concernant le diabète de type 1, que l’on ne peut pas guérir, les traitements peuvent cependant être réduits ». Des médecins suisses confirment cette approche, parmi eux le professeur Dr. Marc Donath, diabétologue et endocrinologue à l’hôpital universitaire de Bâle : « J’ai tout un groupe de patients qui ont réussi à se débarrasser de leur diabète. L’un des patients ne prend plus aucun médicament antidiabétique depuis deux ans ».
Pour Walter Lüscher, l’élément salvateur a été l’activité physique intensive. Il continue de courir une fois par semaine autour du lac de Hallwil. Il a perdu 20 kg, souhaite en perdre encore 10 kg pour stabiliser durablement son taux de glycémie et se passer des deux comprimés qu’il doit encore avaler chaque jour. Le sport est très utile en cas de diabète, comme le prouvent les études menées : L’activité physique rend les cellules réceptives à l’insuline, l’hormone responsable de la régulation du sucre dans le sang, et a d’autres propriétés antidiabétiques, comme la normalisation du métabolisme, l’élimination des graisses, la baisse de la tension artérielle, la formation d’une circulation collatérale, qui améliore l’état des vaisseaux.
La pratique médicale montre cependant que l’activité physique à elle seule ne suffit pas. Ce n’est qu’avec une amélioration durable de l’alimentation que la guérison s’amorce. « Il faut tout d’abord analyser les habitudes alimentaires », explique le nutritionniste Matthias Riedl. « On procède comme pour l’analyse d’une entreprise : quels sont les aspects sains, que faut-il améliorer ? Par exemple, les femmes ont souvent tendance à se restreindre à table et à grignoter entre les repas, ce qui augmente le risque de diabète. De plus, les personnes diabétiques dosent souvent mal les protéines, ajoute Matthias Riedl. Il est essentiel de répartir des portions raisonnables de protéines sur les 3 repas. Cela rassasie et évite les fluctuations de glycémie dans le sang ». Les hommes commettent souvent l’erreur de manger un gros morceau de viande le soir, qui couvre le besoin journalier global. Une partie sera certes assimilée, mais le reste rejoindra les tissus graisseux. Ce qui à nouveau favorise la résistance à l’insuline et le surpoids...
Il y a peu de temps encore, les patients souffrant de diabète se voyaient prescrire des régimes draconiens. De nos jours, la plupart des spécialistes ont une approche plus modérée, basée sur une modification progressive des habitudes alimentaires. Cela augmente les chances de succès. Si certaines cliniques continuent de pratiquer des régimes anti-diabètes radicaux, souvent avec des résultats spectaculaires, en revanche, seule une minorité de patients parvient à mettre en œuvre de telles diètes dans leur vie quotidienne. Selon les sociétés allemandes et suisses de nutrition, un changement de mode alimentaire modéré mais réalisable sur le long terme signifie : augmenter la quantité de légumes, de salade, de produits au blé complet, de protéines et de bonnes graisses, et réduire parallèlement le sucre industriel, la farine blanche, les graisses transformées et l’alcool. Ces mesures figurent également au premier plan dans l’Ayurveda et la Médecine Traditionnelle Chinoise. Avec cependant pour différence que les programmes thérapeutiques prennent davantage en compte la constitution individuelle de chaque patient.
Par exemple : « Un diabétique hyperactif aura tout intérêt à consommer davantage d’aliments apaisants. À l’inverse, un diabétique qui n’aime pas beaucoup bouger devra manger des aliments qui stimulent la digestion », explique Peter von Blarer, thérapeute en MTC et directeur de l’école de naturopathie de Lucerne. En outre, d’autres symptômes éventuels sont pris en compte, comme les troubles rénaux, pulmonaires ou cardiaques. La médecine chinoise a constaté que le diabète perturbe également l’équilibre entre l’estomac, la rate et le pancréas. « Ce dérèglement peut se résorber grâce à une alimentation appropriée, des remèdes naturels, de l’acuponcture, des exercices simples de Qi-Gong », ajoute Peter von Blarer. « Par conséquent, l’appétit excessif, dont souffrent généralement les personnes atteintes de diabète de type 2, se normalise. »
Infarctus du myocarde, AVC, cécité, amputation : les conséquences les plus fréquentes du diabète sont dramatiques. Si aucun traitement des causes n’est entrepris, la maladie progresse, malgré les médicaments et l’insuline. De plus, comme l’insuline perturbe l’élimination des graisses, le cercle vicieux de la résistance à l’insuline et du surpoids est de nouveau favorisé. C’est le principal facteur des maladies métaboliques. Toujours à la recherche de solutions alternatives, les scientifiques se penchent depuis quelques années sur les traitements naturels, notamment le jeûne. Différentes études montrent que le jeûne réduit la résistance à l’insuline. Rien que des périodes d’abstinence alimentaire de quelques heures entre les repas soulagent le pancréas et ont un effet préventif. C’est encore plus efficace si l’on parvient, après le dîner, à jeûner pendant 14 à 16 heures jusqu’au repas suivant. Les études révèlent que ces pauses ont un effet positif sur la tension artérielle, la glycémie, le cholestérol, et les paramètres inflammatoires. Parallèlement, le risque d’une compensation culinaire lors de brefs jeûnes est plutôt faible, la perte de poids est ainsi facilitée.
Les substances naturelles sont abondamment étudiées en vue d’identifier leur action antidiabétique. Les résultats sont prometteurs : on a pu démontrer par exemple que la lutéoline et l’apigénine (des flavones) contenus dans les légumes et les aromates ont une influence positive sur les transmissions intracellulaires de l’insuline.
Cela s’applique également à l’amorfrutine présente dans la réglisse, la gagnante du test mené par l’Institut Max-Planck de Berlin, parmi 8000 substances naturelles. Dans sa forme concentrée, l’amorfrutine fait baisser le taux de glycémie autant qu’un médicament, d’après les tests réalisés sur les animaux. Un guide sur le diabète paru en 2016 rappelle que l’on ne sait pas encore si cela peut être appliqué à l’humain, ni avec quel dosage le cas échéant. Quoi qu’il en soit, les infusions ou les bonbons à la réglisse ne suffisent pas, car leur teneur en amorfrutine est bien trop faible. Pour obtenir une concentration suffisante d’amorfrutine à partir de la plante, les chercheurs ont mis au point une technique d’extraction spécifique. Tandis que la recherche continue d’explorer les remèdes naturels efficaces, nous pouvons d’ores et déjà nous réjouir des effets positifs subtils de l’alimentation saine. Prenons par exemple l’avoine : la MTC la recommande depuis longtemps comme une céréale idéale contre le diabète. Autrefois aliment de base chez les anciens Germains, l’avoine est également conseillée par les nutritionnistes occidentaux, jusqu’à parfois préconiser de véritables cures de plusieurs jours.
Il existe un autre remède contre le diabète de type 2, qui commence à se faire connaître : le sulforaphane, présent dans le brocoli et les autres légumes crucifères. Les germes de brocoli contiennent une forte teneur en glucoraphanine (un glucosinolate). Les scientifiques du centre pour le diabète de l’Université Lund de Malmö (Suède) ont administré cette substance à des patients sous forme d’extraits spéciaux. L’expérience a révélé une amélioration du taux de glycémie chez les personnes diabétiques en surpoids. Les chercheurs déconseillent toutefois aux patients de prendre de fortes doses d’extraits de germes de brocoli en automédication. L’efficacité de la substance doit tout d’abord être confirmée par de nouvelles études. Rien ne s’oppose cependant à une consommation abondante de pousses de brocoli au cours des repas. Idéalement, on les mangera entre le deuxième et le douzième jour de germination, c’est à ce moment que la teneur en glucoraphanine est la plus haute.
Dans les prochaines années, les chercheurs vont continuer à reconstituer de nouvelles pièces du puzzle, afin de mieux comprendre comment guérir le diabète. Ils étudieront en détail la manière dont certaines substances alimentaires agissent sur les gènes du risque de diabète, et pourront probablement mettre au point des thérapies par cellules souches et cellules immunitaires susceptibles d’aider les personnes souffrant d’un diabète de type 1. Mais les découvertes actuelles sont déjà réjouissantes. Comme l’étude randomisée et contrôlée TeLiPro du professeur diabétologue Dr. Stephan Martin (de Düsseldorf) : elle montre qu’une modification du mode de vie peut donner les mêmes résultats qu’un traitement antidiabétique puissant, même en cas de diabète de type 2 avancé.
Comment faire ? Les 93 participants performants ont consolidé leur motivation par un entrainement mental, ont optimisé leur alimentation à l’aide d’un coach et ont utilisé un podomètre pour bouger davantage. Ils ont en outre appris, en contrôlant eux-mêmes très régulièrement leur taux de glycémie, à repérer l’effet des différents aliments sur ce taux.