L'arnica est considérée comme un remède traditionnel, notamment en cas de traumatismes physiques. Fortement menacée, nous misons sur des projets de culture et des mesures d'implantation ciblés.
L’arnica connut son apogée au 18e siècle. Elle était alors l’objet d’une multitude de thèses pour la médecine scientifique naissante. À l’époque, on mentionnait déjà à travers ces études que « l’emploi d’arnica constitue un remède rapidement efficace à faible dose, qu’il faut toujours manier avec la plus grande précaution ». L’arnica fait donc partie des plantes qui, selon la théorie de Hahnemann, se sont révélées significatives en petites quantités, et ont ainsi été essentielles au développement de l’homéopathie. De nos jours encore, la plante entière trouve une large application en homéopathie, tandis que seule la partie externe est utilisée dans les remèdes de phytothérapie.
Là où l'Arnica montana s'épanouit, la biodiversité n'est pas loin. Habitat de prédilection de cette illustre plante médicinale, les prairies maigres offrent en effet un précieux espace protégé pour nombre d'espèces animales et végétales. Voilà en ce qui concerne les conditions idéales. Malheureusement, l'arnica se fait de plus en plus rare. Il y a plus raisons à cela. À partir du moment où une plante médicinale est populaire, il faut bien évidemment compter sur le fait que tout le monde sera désireux de la récolter. Par le passé, cela n'a pas toujours été fait de manière experte et respectueuse des ressources. On parle dans ce cas de "surexploitation".
De plus son habitat devient de plus en plus restreint, voire même inadapté. Les étés secs empirent la situation. Une partie de l'habitat de l'arnica a vu l'exploitation des pâturages s'intensifier. La plante médicinale est très sensible à cette situation. Les sols "engraissés" par la fertilisation intensive sont un cauchemar pour elle. En effet, l'arnica se développe de préférence dans des sols meubles, pauvres, bien aérés avec un apport en eau équilibré, sans eau stagnante et avec un pH légèrement acide ou neutre. C’est donc compliqué pour l’Arnica montana, sa population ne cesse donc de diminuer. C'est pourquoi cette plante sauvage est aujourd'hui protégée en France, en Allemagne et dans d'autres pays et qu'il n'est plus possible de la cueillir n'importe comment. En Suisse, les réglementations différentes s'appliquent d'un canton à l'autre. L'Arnica montana est entièrement protégée notamment en Appenzell Rhodes-Intérieures, et partiellement protégée par exemple dans le canton Obwald.
Il ne faut sous-estimer non plus l'influence du climat. En effet, celui-ci exerce une pression grandissante en particulier sur les populations en basse altitude. Les experts craignent que si la tendance actuelle de hausse de températures et de manque de précipitations se confirme voire même s’accentue dans la période de végétation, les populations d'arnica dans les habitats secs de basse altitude ne soient menacées d'extinction totale.
Les rayons des drogueries et des pharmacies du monde entier débordent de remèdes ou de cosmétiques à base d'arnica. La population de cette plante ne doit pas être si mal en point, non ? On trouve effectivement encore des populations sauvages, surtout en Europe du Sud et du Sud-Est. On a heureusement compris là-bas entre-temps que la surexploitation est l'antagoniste des moyens de subsistance rentables. Des projets pour une utilisation durable des terres tels qu'on peut en trouver dans les monts Apuseni en Roumanie sont extrêmement réjouissants et devraient faire davantage d’émules. De manière générale, le commerce international de l'arnica est soumis à des conditions et directives précises.
En Allemagne, plusieurs projets visent à soutenir précisément les populations d'arnica là où elles existent encore ou à les réintroduire là où elles étaient autrefois répandues. Les experts parlent ici "d'aires de colonisation potentielles". Mais le potentiel d'une plante ne correspond pas toujours aux attentes des scientifiques : l'arnica vieillit au fil des décennies. Cette plante aux fleurs jaunes a besoin d'un certain "stress" pour conserver sa vitalité.
Il s'agit donc de trouver des semences d'arnica qui ne sont pas encore stériles (en raison d'une sénescence, en d’autres termes d’un vieillissement). Autre point important : les semences doivent avoir été suffisamment dispersées sur une certaine superficie pour présenter des différences génétiques suffisantes (plus le pool génétique est important, plus les effets de consanguinité sont faibles). Le processus commence alors : les graines collectées sont cultivées (notamment dans les jardins botaniques) ; les scientifiques développent plusieurs méthodes spécifiques à cet effet. Lorsque les jeunes plants sont prêts (ils doivent être âgés de moins de trois mois), ils sont introduits dans les lieux spécifiques. Ces lieux sont également pâturés très tôt, afin que les plantes aient suffisamment d'air et de lumière pour se développer. Autre méthode : les graines sont récoltées sur des surfaces bien peuplées et réensemencées sur des zones à la végétation clairsemée.
Ces méthodes d'implantation sont assez complexes et exigent une grande expertise ainsi que beaucoup de préparations et de suivi. Mais cela semble en valoir la peine : les populations d'arnica se sont multipliées de manière réjouissante, selon les participants à ces projets, par exemple dans la forêt de Franconie, dans la partie est des monts Métallifères, à Potsdam, Osnabrück et Regensbourg.
Un projet de collecte de semences d'arnica est en cours jusqu'en 2025 auprès d’Agroscope, l’institut de recherche agronomique de Suisse. La collecte est répartie sur six cantons (VS, VD, BE, UR, TI, GR), à des altitudes situées entre 1400 et 2400 mètres. Ceci permet d'obtenir une grande diversité génétique.
Quatre variantes génétiques ont déjà été semées dans des terreaux de plantation présentant chacun cinq taux de pH différents et ont été étudiées au moyen d'une méthode d'analyse spéciale. La méthodologie a bien fonctionné ; c'est pourquoi les 94 variantes récoltées devraient être testées de cette manière en 2023.
L'arnica a longtemps été considérée comme impossible à cultiver. Mais aujourd'hui, il est possible de la cultiver (biologiquement), et il s’agit ici d’un autre moyen de préservation de cette précieuse plante médicinale pour les générations futures. Des efforts de sélection ont permis d'obtenir la variété "Arbo", qui convient à la culture en plein champ. Elle est également conforme aux prescriptions de la pharmacopée. Une autre variété déposée est "Arvita". On essaie en outre de cultiver des sous-espèces (Arnica montana atlantica), qui présentent un potentiel allergène plus faible.
Protéger, prendre soin et préserver l'arnica est une chose, mais il faut aussi utiliser correctement la plante et les préparations qui en sont issues. L'arnica est bien connue en tant que "médicament de premier secours" homéopathique en cas de contusions, d’hématomes, de chutes, etc. Mais il serait faux de déduire que la plante médicinale est "consommable" en raison de son utilisation sous forme de granulés homéopathiques. Consommer des fleurs d'arnica, par exemple sous forme de tisanes, n'est pas une bonne idée – certains principes actifs (tels que la lactone sesquiterpénique) sont en effet toxiques à forte concentration. Les remèdes à base d'arnica ne peuvent par conséquent être utilisés que dilués et en usage externe.
L'hélénaline et ses composés structurellement apparentés jouent un rôle déterminant dans les effets de l'arnica. Des effets notamment antiseptiques, anti-inflammatoires et analgésiques ont été démontrés pour ces composés. Les autres principes actifs efficaces présents sont les flavonoïdes, les acides caféoylquiniques, les polyacétylènes et les huiles essentielles. Les remèdes prêt à l'emploi ont pour base soit des extraits huileux de fleurs (p. ex. dans des pommades), soit de la teinture (avec de l'alcool à 70 %) de fleurs (p. ex. pour des compresses), soit des extraits en solution alcoolique de la plante entière (dans des pommades, des gels et des liquides à usage externe).
En raison de l'hélénaline contenue dans l'arnica, des allergies de contact, par exemple sous forme d'éruptions cutanées, peuvent survenir. Il vaut mieux éviter complètement l'arnica en cas d'allergie aux astéracées (Asteraceae). Important : les préparations à base de fleurs d'arnica ne doivent être appliquées que sur une peau ne présentant pas de blessure, donc en aucun cas sur des plaies ouvertes qui saignent ! Il vaut mieux renoncer aux préparations à base d'arnica pendant la grossesse et l'allaitement. L'utilisation chez les enfants de moins de 12 ans est déconseillée en raison du manque de connaissances à ce sujet.